Le 4 juin 2014, nous avons rencontré Le Couleur à leur studio. Ils nous ont interprété deux titres (liens), dont une nouvelle chanson et nous leur avons posé quelques questions.
Vidéo à venir !
Les Insouciants : Bonjour Le Couleur ! Premièrement, vous êtes allé en mai en Europe (NLDR : trois fois au Liverpool Sound City, deux fois à Paris et une fois au Luxembourg). Comment ça s’est passé?
Laurence : C’était malade mental !
Les Insouciants : Ah bon ?
Laurence : Ça a vraiment été super, la réception a vraiment été au-delà de nos attentes. On est allé jouer à Liverpool… Ils étaient comme : «Oh, mais vous chanter en est Français !», mais les gens, on dirait, en Europe, se soucient peu des paroles.
Les Insouciants : Vous avez eu du succès dans des petites radios aux États-Unis et en Europe, donc votre musique, s’exporte bien ?
Laurence : Oui. On dirait qu’au Québec, on s’attarde aux paroles, mais ailleurs, on s’en fout un peu…
Steeven : Ben, je sais pas s’ils s’en foutent ou quoi que ce soit… mais je vais parler pour notre musique : c’est un match de voix et de musique. La musique est au service de la voix et la voix est au service de la musique. C’est jamais de la chance. Évidemment, on essaye de créer une image avec la chanteuse, parce que c’est la plus belle des trois… je suis pas très belle ! (rires)
Les Insouciants : Mais non !
Steeven : Pat non plus…. Mais je veux dire, c’est vraiment un match. Pour nous, la musique c’est jamais…. *claquement de doigts*
Les Insouciants : Puis, le disco, en même temps, c’est très rassembleur.
Steeven : Oui et le style s’exporte bien. C’est tout un ensemble qui fait que c’est exportable.
Patrick : Et que la réponse est positive.
Steeven : Il y a pas vraiment de barrières linguistiques, En tout cas, nous, on s’en même pas. Ça n’existe pas dans notre tête. Peut-être que ça existe dans l’industrie, notre gérant dirait sans doute le contraire, mais ça nous fait pas peur d’aller aux États-Unis et de «pitcher»* là-bas, pareil pour en Angleterre, en Belgique, en Suisse, en Allemagne…
Les Insouciants : Sur le site du festival Liverpool Sound City, on dit que vous vous allez tourner en Asie à l’automne, est-ce que c’est confirmé ?
Steeven : Non, c’est pas confirmé encore… Comment ça ils ont marqué ça ??… Ça se parle beaucoup, mais on confirme rien pour le moment. Il y a du gros «démarchage»* par contre.
Les Insouciants : Vous voulez aller dans quels pays ?
Laurence : Vietnam ! (rires)
Steeven : On la retourne dans son pays, elle !
Laurence : (rires) Ils vont me laisser là ! Mais c’est sûr, Vietnam… Sinon, Chine, c’est intéressant… Notre gérant, Julien, qui faisait partie de Chinatown, a tourné beaucoup en Chine Je pense que ça a été une expérience vraiment le fun.
Les Insouciants : Ça serait le fun et comment vous disiez, votre musique s’exporte bien, donc peut-être que les asiatiques vont adorer aussi !?
Laurence : C’est sûr, les asiatiques sont tellement cools !
Les Insouciants : Par rapport aux concerts, vous allez jouer aux Francofolies de Montréal le 18 juin avec Moodoid aux Katacombes. Comment sera votre nouveau show ?
Laurence : En fait, je pense qu’il est vraiment plus solide. C’est drôle, parce que hier on s’est vu et on a regardé un show en France qui a été filmé. On regardait et on se disait : «Wow, on est vraiment plus solides !». Veut, veut pas, l’expérience de tournée est vraiment entrée. On rentre vraiment plus les tounes solidement. On est plus assumés, je pense. Donc, c’est un show qu’on veut va présenter aux francos qui va peut-être être… j’hais ça cette expression-là «la rentrée montréalaise», mais c’est un peu ça… c’est la fin d’une boucle.
Steeven : Ouais, avec l’album et le EP.
Les Insouciants : Les Francos, c’est un peu un terrain de jeu où on peut faire un show exceptionnel rien que pour le festival.
Steeven : Exactement. On fait un cover.
Les Insouciants : Un cover de ? Est-ce que c’est une surprise ?
Steeven : Oh, mouais… c’est un peu une surprise… On a un featuring… Je veux dire, c’est rien d’exceptionnel les featuring, il est déguisé et tout, ça va être le fun… C’est un band qui nous a beaucoup influencés et qui nous influence encore… On a bien hâte… Moodoïd était à Liverpool pendant qu’on était là et on a joué en même temps le même soir, donc on n’a pas pu se voir. On les a rencontrés, parce qu’on circule sur le lieu du festival
Patrick : Avec une ou deux chansons…
Les insouciants : Est-ce que vous avez parlé avec eux ?
Steeven : Ouais, on a parlé avec Pablo, le chanteur et la bassiste (NDLR : Clémence). Ils sont chouettes.
Les Insouciants : Vous avez plusieurs nouvelles chansons et vous en avez joué une tout à l’heure et sur Instagram, vous avez dit que c’était un mélange entre Hall & Oates et Marvin Gaye, pourquoi ?
Steeven : C’était pas celle-là. Mais c’est juste qu’on est beaucoup influencé.
Patrick : Ouais, avec Abba aussi.
Steeven : On est bien influencé par la soul des années 60 et 70, la scène disco aussi. Et pour Hall & Oates… ben, c’est ce que les années 80 ont mieux fait !
Patrick : C’est la force des mélodies. C’est des mélodistes hors pair.
Les Insouciants : C’est des chansons qui sont restées dans la tête de tout le monde.
Steeven : Oui, dans les gros gros hits (NDLR : des années 80), Hall & Oates, il y a eu une coupoule* là-dedans. On se rejoint là-dedans et oui, on est beaucoup influencés par eux.
Les insouciants : Et par rapport à Abba, est-ce que c’est une influence directe ou c’est vraiment à cause du mouvement disco ?
Patrick : Non, ça fait longtemps qu’on écoute Abba, qu’on achète des vinyles. Aussi, les autres groupes de cette lignée-là.
Steeven : La pop intelligente de ces années-là. Abba, après les Beatles, c’est le band qui a vendu le plus de disques dans l’histoire de la musique. Ça doit être à cause de quelque chose ! Donc, ce «à cause de quelque chose», ben on les aime ! Ils sont bons, ils sont juste bons !
Patrick : Leurs thématiques, pis toute !!
Steeven : Leurs images… deux femmes, deux très belles femmes… Ensuite, les deux songwriters, les deux… je sais pas comment les appeler les deux underdogs un peu… C’était les cerveaux du groupe… À part Dancing queen peut-être, c’est un très très bon groupe !… Et ils ont plein de bonnes vieilles tounes* un peu plus obscures. Ils sont à découvrir.
Les insouciants : Quels artistes vous a donner le goût de faire de la musique ?
Steeven : Euh, ben moi c’est mon père.
Laurence : Metallica ! (rires)
Steeven : Ah non, pas Metallica ! On a écouté hier un show de deux heures complet. J’avais du temps ! … Ce qui nous a connecté ensemble, qui a nous a fait dire qu’on peut faire de la bonne musique ensemble, c’est sûrement Paul McCartney. Pas nécessairement les Beatles, sûrement les Beatles, mais plus Paul McCartney.
Patrick : Au début de notre relation, c’était Paul McCartney !
Steeven : Je voulais pas le dire !
Les Insouciants : Mais c’est surtout son œuvre avec les Wings ?
Steeven : Ouais, je suis probablement la seule personne au monde qui trippe plus sur les Wings sur les Beatles.
Laurence : Je pense que Sébastien Tellier aussi qui nous a unis.
Steeven : Ouais, dans les trucs récents, Sébastien Tellier est notre Dieu bleu.
Les Insouciants : C’est par rapport à son album My God is Blue. Qu’est qui vous plait dans sa musique ? Parce qu’il vous inspire beaucoup au niveau des sons langoureux et tendres.
Steeven : Bah, c’est très sensuel. Je vais parler pour moi, mais la musique qui m’accroche le plus, ma musique préférée, c’est de la musique sensuelle… pis c’est pas nécessairement de la musique qui parle de cul… dans les accords, dans le son, dans les paroles, les petites guitares sensuelles, pour moi, c’est la musique que j’écoute le plus… j’écoute pas juste de la musique sensuelle… et c’est ça qu’on essaye de faire, on essaye tout le temps que ça soit sensuel et sexy, attirant.
Les insouciants : C’est surtout à côté du côté beau, ça se porte bien à toutes sortes de moments ?!
Steeven : Autant un cocktail
Les insouciants : ,.. que dans le lit ?
Steeven : Que dans le lit ou sur le dancefloor, en roadtrip, en voiture, pour moi, cette sensualité, est très conséquente.
Patrick : Ce qui est le fun avec Tellier, entre autres, c’est le personnage, la difficulté à percer l’homme, savoir est-ce qu’il joue un jeu… un peu, mais en même temps, il est authentique aussi… Il est pas faux… Je pense que d’un album à l’autre, il ne s’est jamais répété, il a toujours été dans des directions différentes… Pour ça, je pense que c’est un gros plus… C’est ça qu’il essaye de faire aussi, de ne pas s’embarrer dans quelque chose de précis.
Les insouciants : Il essaye de toujours faire quelque chose de différents, d’albums en albums. C’est la même chose pour vous ?
Stteeven : Pour l’album qui s’en vient, on a changé de studio, on a des nouveaux synthés, un nouveau logiciel, on a voyagé, donc on a un bagage pour faire des nouveaux trucs.
Les insouciants : Vous disiez que vous être des geeks du son, sauf peut-être Laurence… Je voulais savoir vous mixer des textes gainsbouriens, un peu sur le quotidien, les petites choses de la vie, la sensualité, etc…. Par rapport à des rythmes disco ou rétro… avec une petite dose de futurisme. Qu’est-ce qui vous intéresse dans ce mélange-là entre rétro et actuel ?
Steeven : Pour ce qui est des textes, on joue beaucoup sur le son. On est des geeks du son pour les textes aussi. Je parlais de sensualité tantôt…. Il faut que le mot qu’on utilise soit beau sur l’accord qu’on joue. C’est pas juste une affaire de mélodie versus accords versus rythme. Il faut que le son de la bouche, le son, colle bien au moment à la seconde près. Puis, Gainsbourg, c’est le maitre, c’est le meilleur pour le français qui a fait ça. Il y a un millions d’exemples… D’ailleurs, c’est lui qui a fait la toune de Vanessa Paradis, Tandem. C’est écœurant* ça ! Pour ce qui est du son, c’est des jouets pour garçons.
Patrick : Je pense que l’idée c’est d’essayer de mélanger tout ça, parce qu’on fait pas du disco non plus. Il y a une base, mais l’idée, c’est que ça danse. On peut mélanger, ça peut être weird…
Steeven : On peut pas faire du disco. Il y a une base, on vit un peu par rapport au disco. Ayez voir des shows, ayez la mentalité de l’époque faites des drogues dures ou douces
Patrick : Mettez des palettes !
Steeven : … mettez des palettes, venez danser… envoyer vous en l’air dans les toilettes… pour moi, c’est de l’entertainement, c’est ça que ça devrait être la musique. C’est sérieux, mais en même temps, ça doit être la fête aussi. C’est ça notre rapport au disco.
Les insouciants : C’est plus la mentalité.
Steeven : Le mode de vie. Évidemment, le drum, la basse est assez disco… on peut pas faire ça, on essaye pas de faire un style particulier… on fait ce qui nous passe par la tête,
Les Insouciants : Votre EP (NDLR : Voyage Love) est un peu plus disco, mais votre album Origami a plus de chanson pop
Steeven : Ouais, en fait, il y a peut-être une affaire qui est vrai, c’est qu’on fait de la pop.
Les Insouciants : Vous faites pas du heavy metal ! (rires)
Steeven : On essaye juste de faire la meilleure pop
Patrick : La pop intelligente, un peu moins formatée.
Les Insouciants : Est-ce que vous vous considérez comme un groupe de scène ou un groupe de studio ?
Laurence : Je pense qu’à la base, un groupe de studio, mais de plus en plus on pense à être un groupe de scène.
Les Insouciants : Donc, vous pensez vos albums en fonction du studio avant de vous dire : «ah ça va bien sonner en live» ?
Laurence : Ouais, on va transformer les chansons. La chanson studio ne sera pas nécessairement pareille. Je pense qu’on a plus grande conscience de ça maintenant qu’il y a deux ans. On est capable de se dire en live qu’est qu’on aime, qu’est ce qui serait le fun, pas de jouer la chanson d’un bout à l’autre. Donc, d’essayer d’intégrer des trucs lives, essayer des choses. On regarde des shows live comme Mettalica !
Patrick : En spectacle, tu modifies un peu dans la durée pour que ça soit conséquent, pour pas que le spectacle ait pas de longueur pas que ça soit passé daté, pas qu’il y a de longueurs
Steeven : De l’entertainement il faut que tu fasses !
Patrick : On le fait présentement. Les nouvelles chansons ont les faits en studio évidemment, mais là elles ont été montées pour le live avant même d’être sur l’album. Un peu le chemin inverse comme on veut développer notre style
Les insouciants : Pour les anciennes chansons, c’est le fun pour le public d’avoir des nouveaux arrangements ou des nouvelles intros.
Steeven : C’est plus le fun pour nous aussi !
Les Insouciants : Ouais, c’est moins répétitif !
Steeven : Quand ça fait 5 ans que tu joues une chanson…
Patrick : Veut, veut pas avec le temps, il y a des chansons qui cadrent un peu moins comme on évolue. C’est normal de les réarranger.
Les insouciants : Ou les laisser tomber pour la nouvelle chanson…
Steeven : Il nese vend plus de musique de studio. Les gens achètent plus. Ils écoutent en streaming, pis ils vont voir des shows. Donc, il faut que tu sois bon si tu veux vivre de ça, qu’on parle de toi. On travaille fort là-dessus depuis un bon 4 mois, on est assez fiers de notre show. On n’a pas à rougir de ça, on est bien contents et c’est pour ça que ça a bien marché en Europe aussi.
Les insouciants : En même temps, c’est important le studio, car les gens vont se dire : «Ah, je les aller les voir en show comme j’aime bien leur musique».
Steeven : Exactement, il faut que tu t’appliques partout
Les insouciants : C’est quoi votre dernier coup de cœur musical récent ?
Laurence : Moi, c’est Todd Terje.
Steeven : Ouais, c’est un norvégien
Les insouciants : Qu’est qu’il fait ?
Laurence : C’.est un DJ. Il y a fait plusieurs EP. Et il y a regroupé les meilleures chansons des EP et a fait a un album qui s’appelle It’s album time pis c’est vraiment bon. Il y a une chanson particulièrement qu’il fait c’est une reprise de Robert Palmer, Johnny and Mary, où Bryan Ferry chante dessus.
Steeven : Sinon, on est pas mal occupé avec nos répets pis nos tounes !
Laurence : J’ai eu un autre coup de cœur et ils sont tannés mais à paris, on a découvert un groupe qui a joué avec nous Sans Sebastien. Je les aime tellement ces gens-là, pis ils vont être aux Francos le 20-21 juin. C’est de la famille, ils sont fins ! French fox, qui est Julien, a signé un remix sur leur dernier titre, ça sort le 10 juin. Donc, je trouve ça le fun, on est entourés de gens qu’on aime. Pis l’influence artistique est le fun,
Patrick : Moodoid aussi. Leurs vidéoclips sont hallucinants. Le clip Je suis la montagneest vraiment super beau.
Les insouciants : Ouais et c’est assez 70’s, mais plis psychédélique.
Steeven : Ouais, ils sont assez psyché, mais il y a une touche de modernité.
Les insouciants : C’est quoi votre démarche de création au niveau des textes et au niveau de la musique ?
Laurence : Avant, on composais la musique à trois, mais là on dirait qu’on est dans un stade où moi je compose plus j’écris uniquement les textes ils font les arrangements. Je pourrie en rythmes je comprends rien on dirait que j’ai de la misère à entrer dans ce monde-là, alors je préfère les laisser et je vais composer les paroles et là présentement on voudrait lancer un EP thématique, que les textes vont raconter une histoire tout le long du EP.
Les insouciants : Dans le fond, un EP concept !
Laurence : Un EP concept ou un album concept ! Je suis plus en train de travailler sur des textes comme ça.
Les insouciants : Pour mixer les deux, vous allez voir quelques sonorités vont mieux avec le texte ou vous allez donner le texte?
Laurence : Non, ils m’envoient la chanson, je compose sur la pièce.
Steeven : On est bien avancé là-dedans on ne dit pas de dates et tout mais on est quand bien avancé. C’est vraiment un album concept comme Plammondon l’a fait avec Starmania.
Les insouciants : Mais pas comédie musicale!
Laurence : Non pas comédie musicale!
Steeven : Ce n’est pas Mamma mia non plus, non non !
Un grand merci à Le Couleur !
En spectacle le 18 juin aux Katacombes avcec Moodoid.
lecouleur.com
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Note : On a perdu la fin de l’entrevue, c’est pour cela qu’elle ne se termine pas vraiment.