Découverte de la comédie musicale Madiba, en hommage à Nelson Mandela, avec son auteur, Jean-Pierre Hadida
A l’ouverture de la 2e journée de Solidays, qui s’annonce bien pluvieuse, nous rencontrons Jean-Pierre Hadida, auteur-compositeur, présent à Solidays pour nous donner un avant-gout de sa nouvelle comédie musicale, en hommage à Nelson Mandela, tout simplement intitulée Madiba. Nous en profitons pour parler de ce grand homme qu’était Mandela, ainsi que de musique en général, et bien sûr de Solidays.
Les Insouciants : Est-ce que vous pouvez vous présenter en quelques mots, et nous expliquer comment vous êtes arrivé à ce spectacle?
Jean-Pierre Hadida : Je m’appelle Jean-Pierre Hadida, je suis auteur-compositeur, j’ai fait beaucoup de musique, entre autres une comédie musicale en hommage à Anne Franck, qui a tourné pendant 5 ans, et que l’on a joué dans des grandes salles parisiennes et en province. Et je voulais réécrire quelque chose qui a du sens et qui puisse délivrer un message universel; et avec ma productrice, avec quelques amis, ça nous a paru évident que la figure de Nelson Mandela était une source d’inspiration formidable pour raconter une histoire en musique.
Nelson Mandela a dit que la musique et la danse, c’est ce qui permet au monde de rester en paix
Ce spectacle a-t-il été écrit il y a longtemps?
Alors, on l’a écrit il y a environ 1 an, Nelson Mandela était encore vivant; j’avais déjà fait un petit showcase pour le Mandela Day qui a lieu le 18 juillet de chaque année, donc c’était en 2013, et avec beaucoup de respect et de sobriété d’ailleurs parce qu’on savait que ses jours étaient comptés. Et il s’est avéré qu’en décembre, il est parti, et que, quelque part, le timing coïncidait et c’était le moment de le faire et on avait une vraie légitimité à le faire parce que Nelson Mandela a dit que la musique et la danse, c’est ce qui permet au monde de rester en paix. Donc quand on a dit des choses aussi importantes, de la part d’un géant, parce que pour nous c’est un des derniers géants de l’histoire quelque part, on a envie vraiment de lui rendre un hommage. Donc voilà comment on a été amené à écrire cette histoire en musique ; c’est mon langage la musique, et il fallait être inspiré. Et c’est pour ça qu’on a écrit Madiba, qui est un spectacle en hommage à Nelson Mandela, qui raconte des histoires d’amour, et tous les personnages sont inspirés par Mandela.
Et comment êtes-vous arrivé à Solidays?
Alors Solidays, encore un hasard qui fait que le thème qui a été choisi cette année par Solidays, c’est justement Nelson Mandela, parce que la lutte contre le sida, Madiba s’est beaucoup battu ses dernières années là-dessus. Et dès qu’on a vu son effigie, on est rentré en contact avec Solidays, qui était très heureux de pouvoir marquer le coup avec quelque chose de concret. Parce qu’ils avaient comme thème l’esprit de Mandela, mais ils n’avaient pas forcément un événement qui pouvait marquer cette histoire, donc, comme dans toutes les belles histoires, il y a beaucoup de concours de circonstances.
Vous pensez que la musique peut être un moteur justement pour faire passer des messages ou pour les combats comme la lutte contre le sida?
C’est le plus beau langage universel, c’est celui qui fait tomber les frontières, les races, les clans; ça rassemble, la musique, ça réconcilie. C’est justement ce qu’a fait Nelson Mandela dans la première partie de sa vie, c’était avant tout l’homme qui a détruit l’Apartheid, et ensuite c’est devenu l’homme qui a réconcilié les gens. La musique, c’est aussi bien une force, d’abord la musique et les mots parce que lorsque l’on pose des mots sur une musique, ça devient des hymnes, ça devient des choses que l’on reprend en chœur, ça rassemble ; on communie avec la musique, mais on se bat avec la musique. On le voit bien, dès qu’il y a une manifestation, il y a des thèmes qui sont repris, qui sont chantés, ça soude, ça touche. Et la musique, c’est l’émotion, des fois, on a beau avoir des tas de discours, des tas d’arguments; c’est prouvé que lorsqu’on délivre une émotion, forcément on va faire tomber les murs encore une fois. On l’avait fait déjà avec le Journal d’Anne Franck, qui n’était pas évident parce que c’est une icône, Anne Franck aussi, sans parler de la Shoah qui est un sujet toujours très délicat. Et quand on a fait Anne Franck, on a joué dans des écoles, on a vu tous les gamins, on avait un rappeur aussi, et ça permettait de parler avec un langage d’aujourd’hui de l’histoire d’hier; c’est finalement la transmission, c’est ça qui nous intéressait. Donc on a voulu parfaire le travail qu’on avait fait sur Anne Franck avec Madiba.
Et il y a eu un travail de recherche pour ce spectacle, ou c’est plutôt assez libre?
Avant de se plonger dans un sujet, il faut bien le connaitre. Bien connaitre la vie et l’histoire de Mandela, et surtout ce qu’il a pu inspirer, parce que cette histoire est quand même une fiction, elle est inspirée, c’est un Roméo et Juliette sur fond d’Apartheid, l’histoire de Willy, un jeune africain et Lena, une jeune afrikaner, dont l’amour est impossible; mais comme on dit sur notre affiche « leur amour est impossible, le combat d’un homme va changer leurs destins« .
Alors à quoi on peut s’attendre cet après-midi?
Alors cet après-midi, on va avoir droit à 25 minutes de Madiba, avec 5 tableaux différents. Le premier, c’est Ohé Oha, c’est toute l’Afrique qui remonte et qui vient nous chercher. Ensuite, il y a un passage où un personnage, qui est joué par Lunik,et qui symbolise Madiba, va slammer, rapper, les mots forts. Il y a la séquence de la prison, Elle me détruit, la prison, où il y a les compagnons de Mandela qui parlent de cet enfermement, le rappeur qui intervient à nouveau et qui parle du matricule, de l’horreur de la prison et de l’enfermement. Et ensuite, on arrive sur d’autres tableaux, comme Pour avoir la paix qui est hymne, La nation arc-en-ciel qui est une chanson qui fédère tout le monde, avec des drapeaux, très festif. « La nation arc-en-ciel« , c’est ce qu’avait dit Desmond Tutu quand il avait parlé de l’Afrique du Sud, de toutes les couleurs, de toutes les races. Et on finit sur Freedom qui est un peu notre single, qui est extrêmement dynamique, avec des chants africains au milieu, avec un rythme très soutenu. Et voilà, c’est ce que le public va avoir droit.
Avec beaucoup de danse aussi?
Alors, on a une douzaine de danseurs africains, qui font des danses un peu tribales. On a également une très belle chorale de 35 jeunes qui viennent nous soutenir. Et on a nos solistes, avec 2 instrumentistes, un djembé et un sax. Donc ça va être un très joli moment festif et d’émotions.
Dans l’intégralité, ça dure combien de temps?
Alors, dans l’intégralité, c’est un show qui dure 1h40 environ et on donne rendez- vous à tous les parisiens déjà au printemps 2015, au Casino de Paris, et il y a un album qui sort à la rentrée. Donc après, la machine s’enclenche, c’est un projet mondial, panafricain aussi. On a beaucoup de demandes des pays africains, du Brésil aussi; on est déjà sur des adaptations en anglais, parce que c’est vraiment un sujet que l’on attendait quelque part. Et on a tous le message de Madiba; Madiba était le nom de la tribu de Nelson Mandela, et c’est le nom affectif que lui ont donné les Sud-Africains, et quelque part, ce message qu’il a transmis, on l’a tous en nous. Ça a été un peu le discours d’Obama quand il a dit, « le monde vous remercie d’avoir partagé Nelson Mandela avec nous« .
Donc c’est un spectacle qui va s’exporter?
Voilà, tout à fait. Il y a toute une équipe qui travaille dessus depuis de longs mois ; j’en suis l’auteur-compositeur, il y a Pierre-Yves Duchesne qui a travaillé sur la mise en scène, il y a Francine Disegni, mon associée, productrice, militante, qui défend corps et âme ces valeurs universelles, et toute une équipe de jeunes et de moins jeunes.
avec Gandhi et Martin Luther King, je crois que c’est le trio gagnant!
Il y a des proches de Nelson Mandela qui ont participé ou vu le spectacle?
Dans notre équipe, il y a des gens qui l’ont rencontré, on a des équipes sud-africaines également qui ont travaillé avec nous, des gens qui ont vécu l’Apartheid. Il faut savoir que Mandela était quelqu’un qui ne cultivait pas du tout le culte de la personnalité, et donc on a pris ça en compte aussi dans notre romance; c’est en fait quelqu’un qui est très présent par son absence, c’est ça le principe, parce que c’est 27 ans d’emprisonnement, finalement c’est devenu un mythe parce que justement, on ne le voyait pas. Alors évidemment quand il est venu dans la lumière – c’est une chanson d’ailleurs, Dans la lumière – c’est devenu le Prix Nobel et tout ce que l’on sait. Et tout le monde essaye de continuer à se référer à lui, parce qu’avec Gandhi et Martin Luther King, je crois que c’est le trio gagnant!
Pour finir, un mot sur Solidays?
C’est un moment de communion Solidays. D’années en années, ça grandit, ça fédère, la programmation est d’années en années plus belle; c’est pour ça que c’est complet chaque fois, qu’on a des gens aussi éloignés que le militant de base, ou le bénévole ou le volontaire, que Bill Gates, qui est venu hier pour montrer qu’il était complètement solidaire à ce fléau qu’on apprend à maitriser, mais « The fight must go on« , comme ils disent, et il ne faut jamais abandonner. Donc tout le monde est solidaire pour amener en musique, en énergie, en argent, pour trouver des solutions qui nous permettent de maitriser et d’anéantir ce fléau, avec les chercheurs.
Il y a des artistes que vous allez voir?
J’ai toujours été un grand fan de Franz Ferdinand!
On est au moins deux en tout cas!
Parce qu’on a beau aimer la musique africaine, et la nôtre est d’ailleurs très universel, en s’inspirant de l’Afrique ; mais on est des purs produits du rock’n’roll aussi.
Merci beaucoup et rendez-vous à 18h!