Les festivaliers ont assisté à Heavy Montréal pour une deuxième journée chaude comme l’Enfer.
On compte légèrement moins de festivaliers que le samedi sur le site. On n’est pas entassés comme des sardines aux scènes principales. Le cap des 75 000 entrées a été franchi sur les deux jours. Une augmentation considérable par rapport aux 35 000 billets vendus en 2013. On vous rapporte notre horaire de La Corriveau à Slayer…
13:00 – 13:30 – La Corriveau – Scène de l’Apocalypse
Gagnant d’une présence au festival avec le concours En route vers Heavy Montréal, les membres de La Corriveau profitent de leur prix à cette scène de taille moyenne et devant une foule assez nombreuse. Si les gens ne sont pas totalement réveillés par manque de sommeil, ils le seront avec la voix poussée dans les graves et les plus hauts aigus, le scream et les guitares pesantes. S’ils sont encore courbaturés d’hier, ils le seront encore plus en bougeant sur les pièces de Soul Possession et de Femme Fatale. Pendant une intervention, Diamond Ghost dit à la foule de profiter du moment comme ils le font : «Merci de votre présence, c’est crissement cool ! Il y a Slayer et d’autres excellents bands que vous allez pouvoir voir aujourd’hui !».Avant toute chose, on passe un excellent moment passé avec La Corriveau !
14:00 – 14:45 – Nashville Pussy – Scène de l’Apocalypse
Le groupe d’Atlanta Nashville Pussy verse dans le hard rock, dans le rock and roll subversif, provocateur et sans compris depuis sa création. Ils abordent un look et un style old-school. Leur son est aussi accessible et entêtant que celui d’AC/DC, la voix de canard de Brian Johnson en moins…
Fait à souligner comme c’est assez rare chez les groupes hard rock ou metal, le groupe comporte non pas une, mais deux femmes ! Il y a la femme du chanteur Blaine Cartwright, Ruyter Suys, à la guitare et Bonnie Buitrago à la basse. Par le passé, d’autres membres féminins se sont succédé à la batterie et à la batterie. On ne peut pas les accuser d’être sexistes, malgré leurs paroles croustillantes !
Ils connaissent seulement un succès d’estime. Ils sont encore peu connu du public américain, malgré six albums et avoir déjà tourné en autres avec Marilyn Manson, Motörhead, Lynyrd Skynyrd et Slayer. Leur plus récent opus, Up The Dosage, est paru cette année. Leur performance est ludique, amusante, comme un retour dans le passé…
On réussit à attraper la fin de Strike of the Beast, dernière chanson que joue Exodus sur la scène Molson Canadian. Ils semblent avoir bien diverti leurs admirateurs !
15:00 – 15:45 – Epica – Scène Heavy
Epica est un groupe de metal symphonique qui a toujours su se renouveler d’album en album, tout en gardant son identité, au contraire de groupes comme Within Temptation ou Nigthwish qui ont perdu de leur intérêt avec des changements de style majeur ou de membres. Il n’y a pas un seul des six disques des Néerlandais qui ne soit pas pertinent et complètement mauvais. Leur plus récent matériel est The Quantum Enigma, paru en mai. Bref, comme vous pouvez voir, on trouve l’œuvre d’Epica somptueuse. On ne les avait jamais vus en live et on est impatients de les écouter.
Femmes comme hommes, les fans sont massés près de la scène et hurlent à l’intro Originem et au son de The Second Stone et The Essence of Silence, comme leur position sur The Quantum Enigma. Il se passe alors quelque chose d’indescriptible. En plus de secouer la tête ou faire des signes de cornes, les gens agitent leur poing, pousse des «Hey !» sans que le groupe ne le demande, sont possédés par la musique. Une magnifique communion se tisse entre le groupe et les fans.
En plus d’avoir une voix splendide de mezzo-soprano, la charismatique Simone Simons sait rocker. Elle se promène de long en large de la scène, elle fait virevolter sa longue tignasse rousse lors des solos violents. Pour couronner le tout, elle remercie le public avec un mignon accent français !
Le guitariste Mark Jansen (ex-After Forever) assure les chœurs et les voix gutturales (en plus du batteur Ariën van Weesenbeek). La juxtaposition du scream et de la voix aérienne de Simons donne une dimension de bien et de mal, de lyrisme et de rage, de pureté et de violence à la musique. Tout ça est bien transmis en live.
Sur scène, le groupe envoie du lourd avec les titres phares de ses albums précédents (Storm the Sorrow, The Phantom Agon, Cry for the Moon, Consign to Oblivion). Le public prend une douche avec les jets d’eau lancés par les agents de sécurité sur The Obsessive Devotion, c’est un moment jouissif !
15:45 – 16:30 – Symphony X- Scène Molson Canadian
Les Américains de Symphony X s’emparent de la scène principale avec leur metal mélodique et technique. Des séquences lyriques, d’autres plus progressives, ponctuent leurs chansons. Des solos de guitares et de claviers transportent loin. On trouve que ça ressemble drôlement à ce que peut faire Kamelot. Ils interprètent des pièces de leurs trois albums les plus marquants (The Divine Wings of Tragedy, Paradise Lost et leur plus récent Iconoclast) dont Set the World on Fire (The Lie of Lies), Eve of Seduction, Sea of Lies et Dehumanized.
Par contre, même très souriants, on a trouvé la performance un peu timide des membres. Russell Allen détonne par son charisme. Il bouge beaucoup, va déranger le bassiste Michael Lepond et le guitariste Michael Romeo, entraine la foule à suivre le rythme du poing, fait même du air guitar sur Set the World on Fire (The Lie of Lies) qu’il a terminé en gueulant un senti : «Thank you, what’s up motherfuckers ?!». Russell Allen a sauvé les meubles pour donner plus d’impact à une performance qui aurait pu être tiède.
16:30 – 17:15 – We Came As Romans – Scène de l’Apocalypse
On change de registre pour le metalcore de We Came As Romans, groupe de Boston qu’on ne connaissait pas. Ils conquièrent la scène de l’Apocalypse en deux temps trois mouvements. Ils nous livrent surtout des chansons de leur dernier album Tracing Back Roots (2013) et de leur premier album To Plant A Seed (2009). Un DVD, House of Blues in Chicago, va sortir bientôt si vous voulez voir ce qu’ils valent sur scène. Tous les membres du groupe sont littéralement survoltés à leur instrument respectif. Dave Stephens (voix et scream), Kyle Pavone (claviers et voix), Joshua Moore (guitare), Lou Cotton (guitare rythmique), Andrew Glass (basse), Eric Choi (batterie) bougent énormément, bondissent partout, tournoient… Beaucoup d’énergie à dépenser et le public en a à revendre aussi ! Il s’agit d’une très bonne présence scénique qui mérite d’être soulignée. Le chant et le scream sont assez articulés, aigus, bien dosés, ce qui nous plait (les voix gutturales sur l’ensemble d’une chanson peuvent vite devenir agressantes en règle générale). Des chansons comme Ghosts, Never Let Me Go ou Hope sont assez mélodiques même si elles sont hardcore, avec des synthétiseurs très présents.
17:15 – 17:45 – The Motorleague – Scène de la Forêt
The Motorleague, venant de Moncton, n’a pas le temps de se tourner les pouces. Dès les premiers accords, ils se déchainent totalement pour la petite foule. On dirait qu’ils veulent détruire, réduire en poussière, leurs instruments. Rock à souhait ! Choc. Wow. Un circle pit se forme presque immédiatement même s’il s’agit de la plus petite scène. Les gens ne s’épuiseront pas pendant trente minutes. The Motorleague nous offre des riffs de béton, urgents, puissants même dans les breaks. La chanson We are chemical donne une idée assez précise de cette énergie sans limites. Ils ont pondu deux albums : Black Noise (2009) et Acknowledge, Acknowledge (2013). Par contre, la voix est noyée, on n’entend rien des paroles. On ne voit pas le temps passer et on en sortira avec quelques ecchymoses, les vêtements complètement trempés par les jets d’eau…
17:45 – 18:30 – Alestorm – Scène de l’Apocalypse
On enfile nos cache-œil, nos tricornes et nos épées imaginaires pour les pirates d’Alestorm !. Pourtant, un groupe de fans l’ont fait, munis de chapeaux, de bandeaux et de drapeaux. Ils font même de la gigue dans le circle-pit !
Groupe de Perth en Écosse qui navigue sur les mers depuis 2004, leur metal comporte des chœurs et des sonorités traditionnelles entrainantes. Leurs paroles portent sur des histoires de mer, de batailles navales entre pirates, d’aventures, de fêtes…
De plus, les fans du groupe sont à fond, se font très présents, par exemple lorsqu’on présente Captain Morgan’s Revenge, tout le monde hurle le titre au lieu de crier leur joie. Ces quarante-cinq minutes sont un divertissement original, garanti, dès la montée du scène de la formation.
18:30 – 19:00 – Nepentes – Scène de la Forêt
Les Colombiens Nepentes nous impressionnent par leur présence scénique même si on les découvre. Ils se sont formé en 1998 et leur rapcore / nu metal politisé de gauche, accrocheur et festif rappelle Rage Against the Machine ou Korn. Leur discographie comporte deux EP et deux albums, dont le plus récent est Excitando La Guerra (2011).
Ils sont très en forme et la scène semble trop petite pour leurs déplacements. Personne ne résiste à l’appel du headbang ou du mosh pit. Le groupe lance même deux guitares dans le public. La première semble avoir eu des problèmes. Deux chanceux les remportent !
Le chanteur peine à parler en Anglais, dit quelques mots en Espagnol pour les fiers représentants colombiens dans le public, mais il semble très touché par cet accueil surexcité. Leur plaisir de jouer et d’être au Canada est contagieux ! Il finit par chanter en faisant crowd surfing à deux reprises (une première tentative a été assez rapide). Le fil du micro est mis à rude épreuve ! C’est vraiment une très bonne prestation et marquante.
19:00 – 19:45 – Unearth – Scène de l’Apocalypse
Le concert est moins éclatant que celui que Nepentes. Il est bien mené par les énergiques membres, mais on accroche plus ou moins. La foule est nombreuse, même si Twisted Sister joue en même temps que la formation metacore. Un circle pit géant se forme pour laisser de la place à de nombreuses personnes de se défouler. Les cassures dans le rythme des chansons (Black Hearts Now Reign), et la batterie frappée incessamment comme de l’artillerie lourde (My Will Be Done), sont des néanmoins éléments intéressants. Avec très peu de voix claire dans la construction de leurs chansons, les cris graves de Trevor Phipps sont remplis de testostérone. Le groupe est dans la même lignée que Killswitch Engage ou Hatebreed.

Unearth – Heavy Montréal 2014 – 10 août 2014 – Photo : Eva Blue
19:45 – 20:30 – Truckfighters –Scène de la Forêt
Truckfighters vit pour le fuzz. Les Suédois nous offre du fuzz jusqu’à l’overdose. Le petit public adore dès la première chanson. Les curieux affluent rapidement. À la fin, il y a beaucoup plus de monde pour écouter leurs compositions progressives au son chaud, cuivré, décapant. Ozo (Oskar Cedermalm, voix et basse), Dango (Niklas Källgren, guitare) et Enzo (Axel Larsson, batterie) sont complices avec le public et sont très à l’aise sur la petite scène. À l’avant-dernière chanson, Dango laisse les premiers rangs jouer de sa guitare, ce qui créé un attroupement et une jolie cacophonie ! U
n documentaire sur eux a été réalisé en 2011 par Joerg Steineck et Christian Maciejewski où Josh Homme de Queens Of The Stone Age vante leurs mérites. Leur musique émerveille même les plus célèbres représentants de ce genre musical ! Truckfighters est une magnifique découverte.
Les Suédois offre un superbe moment aux festivaliers présents à la petite scène, qui ne se gênent pas pour se ruiner le cou en savourant la distorsion. Encore ! On prêta sans aucun doute oreille à leurs trois albums : Gravity X (2005), Phi (2007) et Universe sorti en février !
20:30 – 21:15 – Fucked Up – Scène de l’Apocalypse
Pendant une première intervention, Damian Abraham remercie la soixantaine de personnes d’être présentes et que plusieurs soient arrivés à l’avance. Il explique qu’ils avaient peur de jouer devant 5 personnes, car : «We are against Lamb of God, it’s like… oh shit !». Les six Torontois n’ont pas à jalouser Lamb of God, car les gens venus voir à la scène de l’Apocalypse ne sont pas déçus de leur choix. Pas une seule seconde.
L’imposant et le vocalement solide Damian Abraham devient fou sur scène. Il est aussi proche de ses fans et saute au parterre un moment pour venir les rencontrer. Il déconne avec les spectateurs, fait des câlins, enlève son chandail, se met des déchets sur la tête !
Le groupe est en tournée pour promouvoir leur nouvel album Glass Boys qui est sorti au début juin. Ils ont joués quelques nouveaux titres dont Echo Boomer et Sun Glass.
21:15 – 22:45 – Slayer – Scène Molson Canadian
Une musique enragée, des paroles violentes et sanglantes, une basse et une batterie tonitruantes, des lumières épileptiques, un Tom Araya barbu qui se met à vociférer et qui pourrait effrayer bien des gens s’il le voulait… c’est Slayer qui commence et qui fait exulter la masse de gens !
On avoue ne connaitre que très peu Slayer, connaissant que les classiques tels que Raining Blood, Angel of Death ou Seasons in the Abyss. On approfondit donc la musique du groupe avec leur concert. Ils enchainent titre sur titre sans se fatiguer. C’est très beau à voir, considérant leurs âges !
Les membres originaux du Big Four of Trash des années 1980 (avec Metallica, Anthrax et Megadeth) ne sont plus que deux, en l’absence du batteur Dave Lombardo et du défunt guitariste Jeff Hanneman. Tom Araya à la basse et Kerry King à la guitare sont accompagné de Paul Bostaph à la batterie et Gary Holt (Exodus) à la guitare. Des croix suspendues à l’envers ornent la scène, en plus du logo du groupe au fond.
Lors d’une pause, Tom Araya semble très ému en observant la réaction du public et le remercie avec sincérité, sans s’épancher. Ça voulait tout dire pour lui. Plus tard, il expliquera que Die by the Sword, un titre datant de 1983 sur la persécution religieuse partout dans le monde et sur les réfugiés, est encore tristement d’actualité. Les prouesses techniques de Slayer concluent une journée magnifique et chargée pour les festivaliers, qui dépensent ce qu’ils leur restent de voix et d’énergie.
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Vous pouvez lire notre résumé du samedi ici.
Plus de détails sur Heavy Montréal : http://heavymontreal.com/fr/
* Crédit bannière : Epica – Heavy Montréal 2014 – 10 août 2014 – photo : Tim Snow