Avec Many Faces of War, les filles d’Army On The Dance Floor guerroient aux platines avec des casquettes militaires, des talons hauts et des corsets noirs.
Army On The Dance Floor est avant tout le projet solo tant rêvé de Kourtney Klein, claviériste, productrice et batteuse. Elle a été formée comme ingénieure sonore au Riverside Community College. Pendant un passage difficile en arrivant en Californie, elle a été go-go danseuse dans les clubs, puis elle a été repérée pour ses talents de batteuse. Cela lui a permis de tourner avec les groupes industriels Nitzer Ebb et Combichrist entre 2006 et 2009. Elle abandonne les tournées harassantes pour consacrer toute son énergie dans Army on the Dance Floor qu’elle forme en 2011 avec Thessa M’Loe (chœurs et claviers) et Jason Seger (batteur). Le groupe indépendant de Los Angeles se retrouve dans le studio de Klein rempli de sa collection de synthétiseurs vintages (un ayant servi à Human League !) pour composer. Le trio sort son premier single Listen Like Strangers en mars 2012 et arrive avec son premier album en janvier 2014.
La formation d’ingénieure sonore de Klein se ressent beaucoup dès la première écoute. On sent l’attention est mise sur l’ambiance sonore brutale et sur les répétitions ciselées, mais très pop. L’influence de Depeche Mode est fièrement revendiquée et on le sent à plein nez. Les amateurs du travail d’Alan Wilder, qui a défini le «son» de Depeche Mode en complémentarité avec Martin L. Gore entre 1982 et 1995, ne seront pas dépaysés. Un exemple de cette inspiration est l’excellente Bury You Alive avec Dann Saxton. L’introduction fait énormément penser à plusieurs chansons du groupe anglais.
À travers ces nappes de synthétiseurs, on retrouve aussi des touches d’industriel, de krautrock (faisant penser à la lourdeur expérimentale des Allemands Kraftwerk). Ils se disent entre autres influencés par New Order, Nine Inch Nails, The Cure, Erasure et Siouxsie and the Banshees. Ils citent également CHVRCHES rches et comme eux, ils aiment les coupures bien sèches et les hymnes accrocheurs…. et une voix féminine parfois déformée…
En somme, rien de trop sombre, rien de trop lumineux. Dans cette veine, citons Many Faces of War, une pièce de 12 minutes composée de segments bien distincts entre industriel et une joyeuse techno. Des morceaux doucement dansants comme Five Million Stars ou Captain of Your Own Sea nous font penser à la synth-pop féérique et gothique de The Birthday Massacre.
Tout comme l’univers sonore, le visuel est un peu glauque. Le groupe se plait à poster des images ou des dessins avec des personnages gracieux ou ensanglantés, avec des masques à gaz, munis d’épées, prêts à combattre…
On déplore malheureusement le manque d’une direction musicale affirmée. Certes, ces neuf titres sont très bons, mais manquent de cohésion. À l’écoute de l’ensemble, on a seulement l’impression d’écouter une courtepointe sonore, intéressante, variée, mais les liens sont décousus entre les chansons. On passe sans cesse du rose bonbon aux ténèbres dans la même pièce sans que l’une ou l’autre des ambiances soit dominante. On ne sera jamais tenté d’écouter ces morceaux dans un certain état d’esprit (triste, heureux, pour faire la fête, pour se défouler, etc.). Le groupe travaille actuellement sur son deuxième opus, on verra s’il a su mieux rassembler ses idées et ses influences et s’il nous épatera.
Malgré ce bémol, Army On The Dance Floor a déjà des chansons accrocheuses comme munitions et a beaucoup de potentiel pour gravir les échelons.
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