La langue française à l’honneur avec Radio Elvis et La Maison Tellier
Les Insouciants étaient conviés au Pan Piper le lundi 19 janvier 2015 à l’occasion du lancement de la saison 2015 du Mégaphone Tour ; le départ de la tournée a eu lieu le 29 janvier 2015, et ce soir-là, c’était deux têtes d’affiche qui étaient invitées à se produire sur la scène parisienne du Pan Piper : Radio Elvis et La Maison Tellier.
La soirée s’est déroulée quelques jours après les événements tragiques qui ont secoué la France, ainsi Caroline Guaine, la directrice du concept Mégaphone Tour, a proposé un discours quelque peu touchant, avant d’indiquer le départ de la tournée 2015, de proposer l’appel aux candidatures pour la saison 2015-2016, et de rappeler qu’il est possible de faire un don à l’association Le Décor de l’Envers.
Radio Elvis ouvre le bal ; ayant fait partie des nombreux artistes à se produire lors du Mégaphone Tour, Radio Elvis a sorti son premier EP, Juste Avant La Ruée, en septembre dernier. Les Insouciants les avaient découverts lors de la Finale Sosh Aime Les Inrocks Lab au Trianon le 27 septembre 2014. Et alors qu’ils s’étaient produits dans une salle à moitié pleine en septembre dernier, c’est dans une toute autre dimension que nous avons redécouvert Pierre Guénard et ses deux comparses : une salle pleine et une ambiance intense. Pierre Guénard, qui a, par le passé, fait ses armes en solo, est un personnage antagoniste : un look rock’n’roll pour des textes poétiques, un visage de jeune premier pour une voix qui dénote une maturité charismatique.
Accompagné de Manu Ralambo à la guitare / basse et Colin Russeil à la batterie, il vient nous proposer des compositions francophones sur fond de rock moderne, habité dès les premières notes, dès les premiers vers, emportant le public sur son passage. Le set fait s’arrêter le temps, fait oublier ce qu’il se passe derrière les portes du Pan Piper ; à la manière de Lamartine, le temps suspend son vol. Il n’y a pas de Blue Suede Shoes chez Radio Elvis, qui s’apparente davantage à des artistes comme Dominique A, qui nous transportent par le pouvoir des mots. Il y a une interaction certaine entre Pierre et le public du Pan Piper, un partage du voyage, notamment sur le titre fleuve Continent qui parait sans fin et qui nous décrit les pérégrinations du Capitaine Cook. Manu et Colin, plus discrets, apportent tout de même leur pierre à l’édifice. Avant de terminer son set sur Goliath, Radio Elvis invitera sur scène l’artiste Robi ; seule avec Pierre, ils interprèteront Elle partira comme elle est venue, plein de délicatesse.
Et puis c’est au tour de La Maison Tellier, qui sévit déjà depuis 10 ans. Après La Maison Tellier en 2006, Second Souffle en 2007 et L’Art de la Fugue en 2010, il y a Beauté Pour Tous, leur quatrième album. Une atmosphère plus légère nous attend, même si les sons de soupirs / orgasmes avant leur arrivée paraissent interminables et déconcertants. Le quintet normand s’installe, Helmut à la guitare et au chant, Raoul au banjo / guitare / mandoline, Léopold à la trompette et autres cuivres, Alphonse à la basse et à la contrebasse, et enfin Alexander à la batterie, dans une ambiance plutôt champêtre – barbe et chemise de bucheron en prime. On pense presque à un groupe comme Calexico d’un point de vue musical.
D’un naturel et d’une générosité incomparable, les « frères » jouent un folk français à la fois touchant et drôle, et se jouent de chacun en se moquant des uns et des autres entre chaque chanson ; Helmut ira même jusqu’à se faire fermer le clapet par Alexander, « oui, je me tais et je joue ». Et s’amusent à nous balancer des extraits de répliques de films entre deux titres. Même un petit problème technique ne pourra entacher leur performance, Helmut aura un petit souci de câble, mais ce n’est pas grave, on est comme à la maison, entre nous ! Nous aurons même droit à une superbe reprise de Royals de Lorde, comme avaient pu le faire The Struts. La Maison Tellier nous a offert une prestation comme on les aime, qui nous emmène ailleurs dans une intensité, tout en simplicité.
Les Insouciants 