Emilie Nicolas est « forte et vulnérable à la fois »
Au lendemain de son concert à La Flèche d’Or lundi 23 février 2015 ([Live Report] Elliphant, Emilie Nicolas et 1987 à La Flèche d’Or), Emilie Nicolas nous accueille dans son hôtel et nous accorde un peu de son temps. Depuis son arrivée à Paris la belle enchaîne les interviews, et c’est maintenant notre tour. Emilie demande un verre d’eau et s’assied.
Les Insouciants : Pouvez-vous nous parler de vos débuts dans la musique ?
Emilie Nicolas : Je pense que je devais avoir trois ans lorsque j’ai dit à ma mère que je voulais devenir chanteuse. Donc cela a traversé ma vie. J’ai chanté, j’ai fait du piano, de la guitare. Mais il n’y a pas de vrai départ.
Il n’y a pas un moment dans votre vie où vous vous êtes dit « Là, maintenant, je veux faire de la musique de façon professionnelle » ?
Non, je ne me suis pas dit tel jour « je veux faire de la musique professionnellement ». Ça ne s’est pas passé comme ça. C’est juste que j’ai toujours eu ce besoin de le faire, et de croire que c’était bon, parce que je ne pense pas que les gens continuent à faire des choses pour lesquelles ils sont mauvais ! Peut-être que c’est parce que j’étais très mauvaise en mathématiques… Je crois que j’ai failli être recalée en math d’ailleurs.. Du coup la musique était la chose où j’étais bonne et pour laquelle j’avais beaucoup d’intérêt.
Une évidence !
Oui… En fait quand j’ai eu 7-8-9 ans, j’ai commencé à prévoir dans quelles écoles de musique je voulais aller. Donc j’ai un peu planifié ma vie dès mon plus jeune âge.
Quand sortira votre album en Europe ?
Le 1er juin !
Très bien ! Quels en sont les différents thèmes ?
J’ai d’abord pensé qu’il n’y en avait pas, mais en fait si. Je pensais que c’était un regroupement de chansons différentes, mais finalement… Le titre de l’album est Like I’m a Warrior et cela parle d’être forte et vulnérable à la fois, faire des choses comme une guerrière mais en même temps ne pas être assez forte.
Certaines de vos chansons sont mélancoliques, d’autres sont très forte et puissante…
Oui, je suis d’accord. Certaines sont plutôt « violentes »… J’étais en colère ! (Rires)
Comment cette vision binaire vous est venue à l’esprit ?
Et bien… C’est juste qui je suis. Tout l’album est vraiment personnel. Je pense que je n’ai jamais fait de musique impersonnelle, donc c’est juste moi, ce que je ressens, ce que je pense, ce que j’éprouve. L’album se veut ouvert et émotionnel. Cet album c’est essayer d’être fort mais être vulnérable. Donc en fait cet album c’est moi.
Effectivement, hier à La Maroquinerie vous sembliez à la fois déterminée et forte mais aussi fragile et touchante.
C’est juste moi en fait.
Vous écrivez vous même vos chansons ?
Oui !
Où trouvez-vous l’inspiration ?
Comme je veux que tout soit honnête et réel… Et la musique doit être honnête et réelle. Ainsi, si je suis en colère je ferais une chanson comme Fail, si je suis mélancolique j’écrirais une chanson comme Grown Up ou Nobody Knows. C’est juste mes émotions.
Ce ne sont pas des choses qui vous inspirent dans la rue ou dans…
Non. C’est vraiment des émotions que j’ai en moi.
Y a-t-il a des artistes que vous admirez ?
J’écoute des tas de choses vraiment différentes. Je suis la pire personne à qui il faut demander « Eh tu peux me conseiller des chansons ? ». Je n’ai jamais fait de playlist de toute ma vie. Si je devais être une journaliste spécialisée dans la musique je serais vraiment nulle. J’ai quelques albums que j’écoute depuis cinq ans ! Mais en ce moment, je suis en train d’écouter ce mec qui s’appelle Popcaan. C’est un jamaïcain adepte de l’auto-tune.
Pstereo est la seule reprise présente dans votre album. Pourquoi cette chanson en particulier ?
En fait, je faisais mon premier concert au sein d’un festival d’été en Norvège, qui s’appelle Pstereo comme le nom de la chanson des DumDum Boys et ils m’ont demandé si je pouvais faire une reprise de cette chanson. Donc c’était un peu comme un travail… Une offre d’emploi ! Et ce devait être une chanson… C’est un peu difficile à expliquer, mais c’était une chanson à mettre sur des posters, un petit single que seulement quelques personnes pouvaient enlever du poster et l’écouter… Un petit CD accroché sur une affiche quoi. C’était un truc un peu underground. Mais quand j’ai donné la chanson au directeur du festival, il l’a envoyé directement aux radios et puis c’est devenu un tube en Norvège ! Je ne m’attendais vraiment pas à ça.
Vous a t-il prévenu avant de l’envoyer ?
Non je ne pense pas qu’il m’ait prévenu ! Les gens des radios ont acheté la chanson et répétait à leurs auditeurs que ma reprise était impressionnante. Je tombais vraiment des nues.
Et l’aimez vous cette chanson ?
Ce n’est pas ma préférée non. Je pense que c’est la chanson la plus « grand public » que j’ai interprétée de toute ma vie. Ce n’était pas censé être pour moi, mais pour ce festival donc c’est peut-être pour ça que ce n’est pas ma préférée.
Pourtant pendant votre concert d’hier, cette chanson et la dernière Grown up représentent un peu le point culminant du show… Ça finit en apothéose !
Oui c’est une chanson très bien, elle n’est pas mauvaise mais ce n’est juste pas… moi !
Qu’avez-vous pensé de votre concert à la Flèche d’Or hier ?
C’était un moment bouleversant et très agréable. Les gens m’ont vraiment écouté et étaient si nombreux. J’étais vraiment surprise et très heureuse. Je ne m’attends pas à être si bien accueillie.
La tournée se poursuit ?
Oui je serai à Berlin demain ! J’étais à Oslo il y a une semaine et j’ai chanté devant 1 400 personnes… Une toute autre atmosphère !
Que pourrait-on vous souhaiter pour la suite ?
D’être au bon endroit et toujours créative. Le jour où je ne le serais plus je devrais arrêter !
Merci Emilie !
Propos recueillis et traduits par Martin Vienne
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