Retour sur le premier jour des festivités le 28 août 2015
Malgré quelques incompréhensions, le Festival Rock en Seine a fait le plein. Cette 13e édition a marqué complet pour les 3 jours, et les festivaliers ont eu la chance d’avoir du soleil tout le long, alors que tout n’était pas gagné à voir le temps le jeudi qui précédait l’ouverture du festival.
On notera une programmation très éclectique, avec pas vraiment de grosse tête d’affiche, mais quelques exclusivités dont le festival est fier. Comme à son habitude, l’ambiance de Rock en Seine restera « bon enfant », ce qui semble un peu dommage parfois; seuls quelques groupes d’anglais ici et là agiteront un peu cette foule.
Rock en Seine démarre son édition 2015 avec un groupe atypique sur la Grande Scène. Nous n’aurions pas pensé voir GHOST un vendredi après-midi sur la plus grande scène du festival; nous les aurions plus vu sur une scène plus petite, mais surtout à la tombée de la nuit. Mais la programmation en a décidé autrement, et force est de constater qu’en ce premier jour dès 15h30, il n’y a pas foule devant la Grande Scène; seuls les irréductibles fans de ce groupe suédois semblent présents, et ils ne cachent pas leur plaisir. Il faut dire que ce groupe de doom metal ne passe pas inaperçu: le chanteur Papa Emeritus, habillé tel un Pape, est entouré de ses fidèles, les musiciens masqués qui ne dévoilent ainsi jamais leurs identités. L’habit ne fait presque pas le moine, car force est de constater que la musique de Ghost ne tend pas vers le pur black metal, et est ainsi plus accessible avec des sonorités virant vers le pop; c’est kitsch à souhait, mais sacrément efficace. Le groupe aura certainement apprécié son passage à Rock en Seine, car suite à la sortie de leur 3e album, Meliora, ce mois-ci, aucune date parisienne n’était programmée; c’est maintenant chose faite avec une date à La Cigale le 7 décembre prochain.
L’anglaise KATE TEMPEST ouvre la Scène Pression Live cuvée 2015 vers 16h15. Poète et rappeuse, son premier album Everybody Down est sorti l’année dernière et a fait parler de lui, décrochant même une nomination au Mercury Prize. Question live, la trentenaire – ou presque – fait déjà trembler la scène intimiste alors que la journée débute à peine. Accompagnée d’un percussionniste et d’une claviériste, Kate déballe ses pensées dans une ambiance des plus minimalistes. Comme on dit, les choses les plus simples sont souvent les meilleures. Ceci est donc prouvé par l’interprétation des titres qui s’enchaînent comme des petits pains, entrecoupé de discours rappés en spoken word, où Kate se lâche, évoque notamment le bonheur et la peur, en toute honnêteté. Les curieux festivaliers venus la voir sont conquis et en redemandent.
Sur les coups de 17h, le public de la Grande Scène s’agrandit un peu pour l’arrivée de JOHN BUTLER TRIO, le jam band australien qui n’a plus rien à prouver. Leur set sera apprécié par tous, avec un John Butler montrant toute l’étendue de son talent à la guitare. Très communicant avec la foule, ce dernier sera tout de même parfois enfermé dans sa bulle, surtout lors d’un morceau instrumental qu’il jouera seul sur sa guitare 12 cordes, qui mettra tout le monde d’accord dans un silence royal, mais qui tirera peut-être un peu trop en longueur. Les titres Zebra et Better Than ne seront bien sûr pas oubliés.
Alors que les set des australiens est sur le point de se terminer, WOLF ALICE prend possession de la Scène Pression Live pour un live copieux en réjouissances. La formation britannique est sans doute une des révélations de 2015, avec des prestations live marquantes – le dernier Glastonbury en tête – et un premier album bien accueilli par la critique et les fans. Nous nous attendons à une prestation de bonne facture, surtout pour un jeune groupe musicalement excitant. A peine arrivés sur scène, Ellie Rowsell et ses acolytes lancent les festivités avec Fluffy, avant d’enchaîner avec quelques titres de My Love is Cool ou de compositions disponibles sur les précédents EPs – She ou 90 Mile Beach -. Le premier album est certes, jugé un poil trop lisse et pop, cependant le groupe équilibre la balance en live avec un son plus rock réveillant les foules. Les pogos arrivent pendant les deux derniers morceaux du set, à savoir Giant Peach et Moaning Lisa Smile, le public devenant de plus en plus survolté. Wolf Alice a réussi avec brio leur performance à Rock en Seine. Prochaine étape française pour les anglais : le Festival des Inrocks cet automne, avec un passage à la Cigale le 13 novembre.
FFS, la collaboration entre les écossais Franz Ferdinand et les américains Sparks, qui ont connu leurs heures de gloire dans les années 70, notamment avec le titre This Town Ain’t Big Enough For Both Of Us, passent en tout début de soirée sur la Scène de la Cascade. Un public nombreux est venu voir ce que donnait cette collaboration en live, pour beaucoup des fans de Franz Ferdinand. Et alors qu’ils joueront l’un de leurs titres Collaborations Don’t Work, une chose est sûre, c’est que cette prestation laissera un bon souvenir pour beaucoup. Un style musical et une attitude complètement décalée leur permettra d’être parmi les meilleurs concerts de cette journée, faisant danser la foule amassée devant la Scène de la Cascade; on y ressent une joie d’être là, et de partager un moment musical, avec une belle complicité entre les deux meneurs, Alex Kapranos et Russell Mael. Une mention spéciale à Ron Mael, qui attire d’abord le regard de par son apparence: un look quelque peu démodé, un visage sévère, presque immobile sur son clavier; qui se révélera être un immense danseur à l’occasion d’un seul titre, avant de se replacer à son clavier en resserrant son nœud de cravate. Et que dire de ce moment de clavier à 8 mains lorsque les 4 Ecossais se retrouvent à pianoter tous ensemble. Tout le monde a le sourire et chacun pensera que cette collaboration-là fonctionne! Chacun des deux groupes n’oublieront également pas leurs titres phares, avec notamment Do You Want To et Take Me Out pour Franz Ferdinand.
Et au même moment, CATFISH & THE BOTTLEMEN sévit sur la Scène Pression Live, avec leur rock british taillé pour les stades. Devenus des stars en Angleterre, Van McCann et sa bande n’ont malheureusement pas le même succès en France, et c’est bien dommage. Le groupe s’installe et lance le set avec Rango, issu de leur premier album The Balcony. Du début à la fin, l’ambiance ne connaît aucun temps mort, entre les nombreux pogos et la grande énergie des fans, certains venus d’Outre-Manche pour l’occasion. L’explosion arrive avec les inéluctables Kathleen et Cocoon, chantés en choeur. Au bout d’une demi-heure de live, le quatuor se retire et Van remercie le public d’être venu nombreux. Malgré le court set proposé, ce qui ne sera pas le cas le lendemain à Reading, la formation a accompli sa mission de déchainer les foules du festival francilien.
Pas le temps de souffler, car immédiatement après sur la Grande Scène, c’est le grand retour du groupe 90’s THE OFFSPRING qui compte bien enflammer cette première soirée. Et il y a du monde pour entonner en cœur les plus grands titres des californiens, de Kids Aren’t All Right à Pretty Fly (For A White Guy), en passant par You’re Gonna Go Far, Kid. Et force est de constater que, comme l’indique une affiche brandie lors du concert, « The Offspring are not dead »! Dexter Holland et Kevin Wasserman sont certes un peu bouffis, mais le punk rock des Offspring n’a pas pris une ride et les pogos se succèdent en face de la scène, faisant oublier les quelques approximations. On peut même ajouter qu’ils auraient formidablement jouer le rôle de tête d’affiche en jouant en dernier. Mais il restait tout de même un dernier groupe a passé, et non des moindres…
A peine le temps de se remettre que c’est déjà au tour de KASABIAN de monter sur la Grande Scène. Et alors que certains avaient des doutes sur le fait de les voir jouer en dernier sur cette scène et officier ainsi en tête d’affiche, Tom Meighan, Sergio Pizzorno et leurs acolytes en ont fait taire plus d’un. Avec un Tom Meighan qui se sera sans doute fait plaisir sur la bière avant de monter sur scène et un Sergio Pizzorno monté sur pile électrique, Kasabian a proposé un set détonnant tout en donnant l’impression de faire un bœuf dans un garage. Ils ne se prennent pas au sérieux, se font des blagues sur scène et entonnent « let’s go fucking mental » devant un public qui aurait pu bouger un peu plus tout de même. Pendant près d’une heure et demie, les britanniques vont mettre le feu avec les titres très électro de leur dernier album 48:13 (dont la pochette rose bonbon fait office de fond de scène), à l’instar de Eez-eh, mais aussi Bumblebee. Bien sûr, les titres phares de la discographie de Kasabian seront bien présents, Shoot The Runner, Club Foot, Empire, Underdog, et surtout Fire qui fera monter la température. Le groupe glissera aussi ici et là quelques parties de covers comme People Are Strange des Doors, et Praise You des Fat Boy Slim, ou bien encore un impromptu Oh What A Night des Four Seasons (le Cette Année Là anglais). En guise de rappel, Kasabian invoquera Vlad The Impaler, avec l’arrivée sur scène du comédien anglais Noel Fielding (qui joue dans le clip de Vlad The Impaler et qui fait souvent des apparitions sur scène), toujours aussi barré! Le final se fera comme à son habitude avec LSF (Lost Souls Forever), dont l’air sera sur toutes les lèvres des festivaliers à la sortie du festival.
Une belle première journée pour Rock en Seine en guise de fin d’été, mais durant lequel le soleil a décidé de nous accompagner pour ces moments de rock, mais pas que.
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