[PLAYLIST] ART IS RESISTANCE

Encore sonnés par les événements de ce 13 Novembre à Paris, Les Insouciants ont décidé de se révolter à leur manière en composant une playlist un peu particulière, puisque, pour la première fois, nous nous autorisons à aller au-delà de notre ligne éditoriale.  S’ils pensent qu’un concert est une « fête de perversité », alors soyons pervers et répondons à ces abominations par ce que nous « idolâtrons », la musique.

Music is everything

P.I.L – Skip The Use :

C’est sans la moindre hésitation que mon choix se porte sur P.I.L des Ronchinois de Skip The Use, et ce, pour la simple et bonne raison que, par les temps qui courent, il nous faudra plus que jamais continuer à « nous battre pour survivre ». Et comme nous le conseille si bien le groupe, il nous faudra également « continuer à danser », puisque, si eux ne le savent pas, le plus beau moyen de s’évader de ce cauchemar éveillé reste la musique.

Et si « la haine laisse des cicatrices », l’univers de la musique qui est le notre étant à ce jour en deuil, la balle n’a pas traversé nos coeurs meurtris. Nous continuerons donc, telle la résistance à l’œuvre, à fréquenter les salles de spectacles, lieux de liberté et d’insouciance, afin de leur montrer que nous ne sommes pas effrayés, mais aussi pour continuer à partager ces moments qui nous ont fait vibrer et rêver tant de fois.

Raine

The Pretender – Foo Fighters :

Ce morceau n’a pas été le premier dans mes choix. J’avais à l’idée Shadow of The Day de Linkin Park pour un adieu puissant et doux aux victimes des terribles événements de ce Vendredi. Cependant après mûres réflexions je voulais partager avec vous un titre qui pousse à se lever, à brandir le poing et se battre contre cet ennemi qui cherche à nous effrayer en s’attaquant à ce que nous avons de plus cher : la musique et la liberté. Lundi 16 Novembre, deux d’entre nous devaient se rendre au concert des Foo Fighters à Paris, c’est donc tout naturellement que mon second choix s’est tourné vers ce groupe avec The Pretender.

« What if I say I’m not like the others ? » Nous sommes tous différents et c’est ça qui est intéressant, sinon la vie serait bien fade ! « What if I say I’m not just another one of your plays ? » Vous ne pouvez pas jouer avec nous, nous effrayer ainsi en pensant faire de nous des pantins obéissants et se prosternant à vos pieds. « What if I say I will never surrender ? » Sachez que la France et de nombreux pays ont gagné des batailles et des guerres incalculables, en s’unissant, en vivant d’amour pour la liberté. Ce n’est pas aujourd’hui que nous nous laisserons faire. Jamais nous ne capitulerons. Nous continuerons d’écouter la musique, d’en créer, d’aller applaudir les artistes qui se présenteront. « The Music Lives » comme diraient les frères Hanson !

Leslie

Queen of Peace – Florence + The Machine : 

Mon choix s’est porté sur un titre des anglais de Florence + The Machine, un groupe que j’admire beaucoup, et Queen of Peace n’a jamais autant bien porté son nom, surtout en ce moment. Certaines paroles sont transposables aux drames survenus ce vendredi soir – « His only son / Cut down but the battle won » – soit perdre un être cher : un membre de la famille, un proche, un ami qu’on ne reverra malheureusement plus. Ce sont des traces d’une extrême violence qu’on gardera à jamais dans nos esprits, entre le sang et la douleur : « Blood is running deep / Sorrow that you deep »Florence Welch nous appelle à faire l’amour, la paix, à célébrer la liberté dans un monde rempli de mocheté. On doit continuer à vivre pour ceux qui sont partis prématurément trop tôt, à chanter, à danser, à s’aimer… pour honorer leurs mémoires et leurs sourires. Clairement le plus bel hommage qu’on peut leur rendre.

Marion

Heroes – David Bowie :

J’ai choisi cette magnifique chanson de David Bowie qui selon moi porte un très bel hommage à toutes les victimes de grandes catastrophes telles que celles que nous avons vécu récemment. Écrite en 1977, Heroes est une ode à la vie, un encouragement à continuer à vivre, aimer, s’amuser malgré l’horreur de ce qui s’est passé. « Nous pouvons les battre, pour toujours », battre l’horreur, le terrorisme, la haine, l’incompréhension armés de la vie et de l’amour, parce que « la honte est de l’autre côté »; Bowie nous encourage à nous aimer comme si rien ne pouvait arriver, malgré ces fusils qui nous ont tiré dessus, « au-dessus de nos  têtes ». Car l’acte le plus courageux, le plus héroïque après de tels événements, c’est encore d’oser continuer à vivre, oser s’aimer tout en sachant que « rien ne les fera reculer ». Suivons l’utopie proposée par Bowie , et soyons, nous aussi, des Heroes.

Jodie

Grace Beneath The Pines – Glen Hansard :

Mon choix se porte sur un titre de Glen Hansard, artiste irlandais, Grace Beneath The Pines, issu de son dernier album Didn’t He Ramble sorti récemment. Ce choix s’explique tout d’abord par le fait que je porte l’Irlande dans mon cœur, y ayant vécu plusieurs années, et que la musique irlandaise foisonne d’artistes très talentueux. Ensuite, parce que je suis personnellement allée le voir en concert à La Cigale à Paris en septembre dernier, et qu’on pense forcément au drame qui s’est produit au Bataclan vendredi dernier. Enfin, comme tout le monde assistant à un concert, on s’y rend bien évidemment pour se divertir, prendre du bon temps et vivre un moment fort. Ce concert en particulier a été l’un des meilleurs concerts auxquels j’ai pu assister; un moment fort en émotion, des rires, des larmes et une communion parfaite entre l’artiste, ses musiciens et le public.

J’ai choisi ce titre Grace Beneath The Pines pour son texte fort et la voix de Glen Hansard qui prend aux tripes. Le texte est assez personnel, mais certaines paroles me parlent, nous parlent. « There’ll be no more going half the way / You’d better listen to these words I say / Whatever ties they bound to me / I’ll cut through them » = Faire la moitié du chemin, c’est fini / Vous feriez mieux d’écouter ces mots / Quelque soit les liens qu’ils m’imposent / Je les couperai. Et cette phrase qui revient à plusieurs reprises: « I’ll get trough this » = Je vais m’en sortir.
Nous allons nous en sortir…

Solène

Adieu – BB Brunes :

Qui a dit que les morceaux inédits ne pouvaient pas être de petits chefs-d’oeuvres? Adieu, morceau des BB Brunes, ajouté à l’album Long Courrier colle subtilement à la triste actualité que nous connaissons. « Rien ne me rendrais plus triste que de rendre l’âme, pour je ne sais quel immondice et quel infâme» chante Adrien Gallo dans une voix mélancolique et aiguë. La chanson est cependant teintée d’espoir et d’insouciance; « Si il faut a l’avance qu’on s’avoue, je préfère ne rien voir du tout». Ne pas vivre dans la psychose, profiter de l’instant.

Pierre Delfosse

Noir Désir – Vive la Fête :

On est un peu con un vendredi soir. On sort, on fume, on boit, on rit, on baise. C’est la première nuit blanche du week-end, on fait la fête gentiment, bêtement. Vive la Fête, groupe belge electropop, avec la chanson Noir Désir tirée de l’album Nuit Blanche, illustre parfaitement la rage qui m’habite suite aux événements. Ceux-ci me laissent, encore aujourd’hui, la migraine. Les cris de la chanteuse, Els Pynoo, résonnent et font échos à ma colère. Malgré tout, il ne faut pas se laisser aller. Il faut continuer à vivre, à sortir, à écouter de la musique, à faire la fête. Vive la fête!

Martin Vienne

I’d Love to Change the World – Ten Years After :

Mon choix s’est porté sur I’d love to change the world de Ten Years After. Une chanson au message puissant qui pourtant ne date pas d’hier étant donné qu’elle a été enregistrée en 1971. Le monde va mal depuis un long moment et pour ma part j’aime à penser qu’il est possible de changer tout ça. Certains diront que je suis naïve, qu’on est plus à l’époque de Woodstock et que quoi que l’on fasse la violence perdurera. Je l’avoue, en apprenant ces tristes nouvelles du 13 novembre, j’avais envie de me rallier à ces personnes pour qui tout est perdu d’avance. Pour que des innocents soient tués aussi froidement alors qu’ils profitaient simplement de la vie, c’est que l’humanité s’est éteinte pour de bon. Mais écoutez si vous le pouvez cette musique, la puissance qu’elle peut vous transmettre en quelques minutes. Il y a plus de quatre décennies, un homme, Alvin Lee, a écrit cette chanson comme un appel à la révolte, quarante-quatre ans plus tard on en est encore là, en plein deuil national cette fois ci. Après chaque chute, aussi douloureuse soit-elle, nous nous devons de nous relever plus fort. Alors comme le dit cette chanson « j’aimerais changer le monde, mais je ne sais pas quoi faire alors je m’en remets à vous ». Soyons plus fort qu’eux.

Aurore Lecoutère

Septembre en Attendant – Noir Désir :

Dans ce titre il n’y a ni avis, ni morale, seulement la pensée d’un homme abasourdi par l’horreur qui s’étale devant lui, et à la vue du monde entier. « J’y pense encore », cela fait partie des scènes qui vous triturent l’esprit, envahi de questions aux réponses encore incertaines.

S’en suit une introspection, Bertrant Cantat prend conscience de « l’équilibre fragile » de la vie, du temps si rare et si facile à perdre. Voilà matière à réfléchir, « en attendant la suite des carnages »

Septembre en Attendant est la 12ème piste d’un album de Noir Désir devenu culte : 666.667 Club.

Mervan Ouahi

Everybody Hurts – REM :

Après un choix difficile, car tellement de chansons me passent par la tête, j’ai finalement choisi un classique Everybody Hurts de REM. Elle délivre un message d’espoir et d’avancer, de continuer. Parce que maintenant le plus dur sera de se relever et de continuer à vivre. « Sometimes, everything is wrong, Now it’s time to sing along ». Et comme disait Einstein : “La vie, c’est comme une bicyclette, il faut avancer pour ne pas perdre l’équilibre.”

Cette chanson est extraite du quatrième album du groupe, Automatic for the people sortit en 1992.

Lexie

Time Has Come – Shaka Ponk

Je marchais dans les rues de Paris, vendredi, seul, j’attendais ma copine à la sortie de son boulot. Une fois sortie de son boulot, comme à notre habitude, nous allons à St Michel, quartier Geek. Puis nous rentrons. Calmement. Nous étions à l’abri, au début on regardait le match, France-Allemagne, 2 bruits d’explosions, j’ai pensé à un mouvement de supporters. Pas de grosse inquiétude. Le match tellement chiant comme d’habitude, on décide de regarder un Disney, puis nous allons nous coucher, sans consulter nos réseaux sociaux.
Samedi 14 Novembre, 7h, ma copine me réveille, elle a reçu une masse de texto d’amis, et elle m’annonce les attentats. J’allume mon téléphone, à mon tour, je reçois un gros nombre de textos d’amis inquiets. Qu’est ce qui se passe putain ?
Je regarde Twitter. J’apprends tout. Le choc, la peur, la colère. Et aujourd’hui, avec le recul, c’est l’incompréhension.
Si boire un coup entre amis, aimer assister à un concert, aller voir un match, est considéré comme un acte de guerre.
Parce que dans ces moments là, on se dit, qu’on aurait pu y être… Moi, qui écoute du Métal et qui aime le Rugby et les petits verres entre amis ou un dîner avec ma chérie.

Je vous partage cette chanson de Shaka Ponk, car jamais je n’aurais crû, qu’elle prendrait vie.

Nykau

Un Jour Au Mauvais Endroit – Calogero

Une fois l’émotion et la colère quelque peu assoupies, des bribes de la chanson engagée de cet artiste français me sont revenues en tête. Et quand on y pense, les paroles peuvent adopter une dimension tout à fait proche de celle des événements dramatiques. Elle me touche particulièrement par son ton de révolte et son empreinte émotionnelle, le tout étant portée par une forme de collectivité.

Le choix est simple mais clair. Les paroles « Les cafés, les cinémas  Je n’y retournerai pas  Ma vie s’est arrêtée là  » sont frappantes de réalisme et remémorent à quel point nous pouvons être vulnérables face à des monstres dépourvus de tout sens humain. Nous avons perdu dans l’abjection et la lâcheté des personnes comme vous et moi, dans l’épanouissement musical ou la satisfaction d’un verre ou d’un bon plat entre familles et amis. L’infamie pénètre le fond de notre cœur à tous, « être Paris » ne signifie rien, pour moi. Ces français ont eu le malheur de jouir de leurs plaisirs, comme nous le faisons tous, mais eux, ont choisi le mauvais événement. Mon choix se focalise involontairement sur cet aspect humain, sans doute grâce à la dimension collective que véhicule la chanson. En somme, je pense alors que notre objectif commun, qui est à la portée de tous, doit être de ne pas céder, de ne pas non plus prendre de risques mais tout simplement de se révolter pour la mémoire de nos semblables. C’est pourquoi, « Pour nos frères plus jamais ça ! » devient une véritable litanie dans ma tête. Merci à Calogero, à cet artiste français pour ces mots forts et crions, même dans les larmes et sur des sons de guitares, notre force. La musique est un moyen comme un autre. Dansez, écrivez, bougez, pensez. L’art est notre puissance, notre arme à nous.

Matylde

Djihad Propaganda – No One Is Innocent :

Dans les années 80, les Béru avaient le cran de gueuler sur scène « La jeunesse emmerde le Front National ! », largement repris en chœur par un public surexcité. En 2015, c’est la rage au ventre et les tristes événements de janvier qui poussent No One Is Innocent à écrire Djihad Propagande, un titre tristement réaliste, en plein cœur de l’actualité.

Après les larmes, les crises de rage, et les milliards de questions sans réponse dans ma tête, j’arrive enfin à poser quelques mots sur ces attentats. Je vois mes proches, encore choqués et tremblants. Certains étaient au Stade de France, d’autres habitent Paris. J’imagine que nous aurions pu y être. En tant que fan de rock et de métal, je me rends régulièrement à des concerts. Nous allons voir des spectacles, de la danse, du cirque, de la musique en famille. C’est difficile d’imaginer que des kamikazes puissent débarquer alors que l’euphorie est à son comble. Des frissons de vie qui se transforment en frissons de peur. Il est temps de faire son deuil. Chacun à sa façon. Certains choisissent les drapeaux tricolores, d’autres les Tour Eiffel peace & love, certains encore une image noire ou rien. Au fond, nous sommes unis dans ce que nous sommes tous : des êtres humains.

N’oubliez pas de vivre. Prenez soin de vous.
ART IS RESISTANCE.

Juliette Poulain

Pourquoi ne pas y croire – Patrick Bruel :

Comme vous le savez, je viens du Québec et évidemment la nouvelle a fait le tour du monde. Au Québec, des gens aussi se radicalisent… Étant avide de culture française, même si je suis bien la seule dans mon entourage, j’ai particulièrement été troublée par les événements. Mes glandes lacrymales et ma capacité d’empathie ont été mises à rude épreuve en voyant passer des avis de disparition, tant de souffrance, tant de morts.
Je voulais d’abord choisir un morceau de hard rock ou de métal, car au Bataclan, les gens qui étaient réunis avaient le même intérêt pour un groupe talentueux et qui s’exprimait dans leurs compositions, tout comme les gens dans les restaurants et bars ou au Stade de France se réunissent par amitié ou par amour du sport. Ensuite, je me suis dit qu’une chanson francophone était de mise… Patrick Bruel a fait vivre un moment particulier au public de l’Opéra le 12 janvier 2015 dans un show symphonique pour célébrer le 40ème anniversaire de l’association Pasteur-Weizmann, le lendemain de la marche rendant hommage aux victimes de Charlie Hebdo et de l’Hyper Casher. On dit souvent que l’histoire se répète et c’est souvent encore plus cruel… Le trio composé de Patrick Bruel, Idan Raichel et Youness chantent « La paix est une porte qu’on ouvre pour se connaître. Aimer l’histoire de l’autre, c’est comprendre la sienne’’. L’ignorance, l’absence de curiosité d’esprit, la xénophobie, ne sont pas ce qui fait avancer une société. Endoctrinés et nourris par la haine, les assaillants l’étaient. D’autres personnes désespérées fuient cette haine et cette violence. Ne faites pas de même avec des personnes innocentes. Je vous lance comme défi de sourire à la première personne que vous verrez dans la rue. Quant aux proches des personnes décédées, les victimes collatérales, les personnes traumatisées, prendront du temps à se relever. Il est normal d’être faibles, d’avoir du mal, mais ils finiront par braver la vie. Soyez fiers de vous, chérissez le fait d’être encore là et soyez heureux avec la moindre petite chose.

Marie-Ève McCabe

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s