La sorcière est là et est prête à réveiller les loups.
Il y a de ces groupes qui se réinventent sans cesse, quitte à faire tourner les têtes des gens en permanence. Il y a de ces groupes qui laissent un goût passionnel à chaque écoute d’un de leurs titres, à chaque concert, à chaque passage d’un festival quelconque. Jamais deux sans trois, il y a de ces groupes qui représentent une certaine idée sonore de la tempête et des orages. Assez parlé : voilà ce que nous en pensons, d’une façon primaire, du premier album de Pumarosa. Nouvelle tête de la scène indie londonienne depuis deux années, elle mise sur un motto et un fonctionnement bien particuliers : le bordel et la passion avant tout. La ténébreuse Isabel Muñoz-Newsome tient les fils de l’affaire, et chacun y met du sien. Un peu d’instinct, une dose d’expérimentation, de l’improvisation et des lives se déroulant dans des lieux peu communs. Ce qui est constitue à part entière l’ADN de ce band pas comme les autres. The Witch en est l’exemple principal.
Dragonfly et Honey donnent dès d’entrée la couleur de cet album : un rouge puissant, synonyme de sang et de puissance comme en justifie l’artwork réalisé par Muñoz-Newsome. Soit, un son dévastateur et morbide, sans compter sa puissance. Cet album amène l’auditeur pour un voyage endiablé et musicalement riche, tracté de véritables instants revival. Il aurait pu tout à fait sortir dans les années 90, aussi bien pour son influence à la The Cranberries marqué sur quelques morceaux : The Witch avec ses inspirations latines, la comptine glauque – et passionnante ! – My Gruesome Loving Friend ou Red accompagné d’une basse envoûtante sur les moments les plus cruciaux. Au-dèla de ces vestiges ne datant pas de si loin, ce premier album déploie plusieurs sensations auditives comme l’éclat incarné dans ces différents titres, en plus de trouver un véritable travail de recherche et d’idées plus ou moins osées, tournant autour de la littérature, du social ou de l’actualité, et parfois de la philosophie. Ce groupe n’est pas forcément là pour porter une voix quelconque, elle est présente pour démarrer une réflexion autour du monde actuel, entreprendre une démarche d’engagement vers le progressisme et les égalités.
The Witch ne se contente pas seulement d’être un disque réconciliant les nostalgiques du grunge radiofriendly et les novices, c’est un album ancré dans une ambiance proche de l’apocalypse imminente et des combats à mener. Priestess, Barefoot et Snake immortalisent – musicalement parlant – cette urgence de saisir l’instant présent pour réfléchir et pour agir. Dans ces trois pistes, on sent une aura folle, révélatrice, chose déployée lors des concerts du quintet britannique. Ceci conclut ainsi un premier essai engagé et réussi, un pied dans le passé et l’autre dans le futur, avec la rage de vivre, le goût de la bataille. Et rappelez-vous d’une chose pour désigner le monde et les mauvais tyrans : « Stupid son of a bitch« .
Retrouvez Pumarosa en concert :
28 juin – Nuits de Fourvière (w/ Foals) – Lyon