De l’autre côté de la cité Milanaise, des lueurs de lumières néon et de synthés ont réveillé la Fabrique…
Une longue file de courageu(x)ses longe la Via Gaudenzio Fantoli, petite rue donnant notamment pour vue sur une 4 voies et un garage automobile. Certain(e)s attendent depuis la veille, en bonne compagnie, sous un soleil de plomb et des températures saisonnières. Et vont toucher le Graal qu’iels attendent depuis longtemps. Un peu trop, étant donné que The 1975 a dû reporter leur tour européen prévu l’hiver dernier pour de nombreuses raisons. Quoi de mieux de finir la tournée promouvant le romanesque mais utopique second album I Like It When You Sleep, For You Are So Beautiful Yet So Unaware Of It sur le Vieux Continent avant de prendre quelques vacances ? Contrairement au monde anglo-saxon où la hype est plus que présente les concernant, le band de Manchester peine à se faire connaître du grand public en Europe. En plus d’un manque de visibilité médiatique pas forcément mérité sur le continent, la salle n’était donc remplie qu’aux trois quarts de sa jauge. Mais cela n’empêche pas au public de mettre une énorme ambiance à la Fabrique.
Cette ambiance est pourtant tranquille lors du passage des Pale Waves en support. Justement, on va s’intéresser plus longuement à eux que à leurs copains de label (Dirty Hit) et de prod. Dès l’entrée sur scène, la frontigirl Heather Baron-Gracie donne de sa guitare VOX pour lancer la machine avec le dansant Television Romance, supposé être le prochain single (probable ?) de la formation mancunienne. Première tournée européenne pour ce quatuor, ceux-ci sont cependant timides face au public et préfèrent rester concentrés sur leur set. S’en suit de nouvelles versions live de Heavenly ou My Obsession, ressemblant désormais à un véritable mélange entre The 1975 (pas étonnant), Haim et Chrvches. Toutes les tracks composant ce set ont des traits communs de production… trop flagrantes. L’excitation du début laisse désormais place à une légère amertume et une petite déception. Mais, on en retient un point positif, soit d’entendre Television Romance, Heavenly et There’s A Honey en live et de prendre notre pied dessus, tout en espérant à l’avenir une petite évolution musicale.
La première partie passée, l’audience devient de plus en plus excitée. La playlist made in Manchester – concoctée par le groupe en tête d’affiche – laisse place à un white noise crescendo jusqu’à l’apparition d’un rose visuellement éclatant sur les tours d’écrans et d’une intro ouvrant leurs deux premiers albums, sobrement nommée The 1975. Dès l’apparition du quatuor et les premières notes du funky Love Me, c’est une foule en liesse qui chante à tue-tête, danse et crie. Le set de la bande mené par le survolté Matty Healy est très bien rodé, voire un peu trop. Cela manque d’un grain de folie même si, quand le moment de terminer une tournée arrive, l’envie de ne pas exploiter de nouvelles choses est compréhensible. On notera la présence de certains morceaux plus expérimentaux – Lostmyhead, Please Be Naked, Medicine – et d’une scénographie vraiment intéressante à multiples identités : les tours d’écrans prennent la forme d’une ville nocturne, d’un tableau de couleurs pastel ou de sombres éléments aquatiques. The 1975 n’est pas seulement un groupe d’indie pop rebelle qui casse les codes pour se les réapproprier, le band détient également un discours sincère, engagé, progressiste et pro-LGBTQA+ : la puissante Loving Someone et le rainbow flag récupéré par Healy à la fin du titre en témoigne. La ribambelle de tubes – Chocolate ou The Sound – conclut avec audace ce set qui était attendu par beaucoup. Quant à nous, on en redemande sans hésiter !
SETLISTS :
Pale Waves
Television Romance / Heavenly / Kiss / My Obsession / New’s Year Eve / There’s A Honey
The 1975
The 1975 / Love Me / UGH! / Heart Out / A Change Of Heart / You / Medicine / Loving Someone / She’s American / Please Be Naked / Lostmyhead / Somebody Else / fallingforyou / Robbers / Girls / Sex / If I Believe You / Chocolate / The Sound