Retour sur la journée de samedi à Rock en Seine
C’est parti pour la deuxième journée de la quinzième édition de Rock en Seine, et autant le dire tout de suite, il s’agit de la seule journée sold-out. Le soleil a décidé de nous accompagner en ce week-end, il commence à faire chaud et on se dit que l’été n’est peut-être pas encore fini.
Arrivés vers 15-16h, nous arrivons pendant le set de Ibibio Sound Machine, et c’est une bien belle découverte à laquelle nous assistons. Pour son premier Rock en Seine, et devant un public parsemé pour qui ce groupe semble à tous être une découverte, Ibibio Sound Machine arrive à faire décoller l’ambiance et à faire danser les festivaliers. Faut dire qu’il y a de quoi! Entre la chanteuse anglo-nigériane Eno Williams au sourire ravageur, le guitariste ghanéen Alfred Kari Bannerman en forme olympique, accompagnés d’un ensemble de percussions et d’un trio trombone / trompette / saxophone, il est très difficile de ne pas succomber à ce groupe qui nous offre un set mélangeant les genres. Mixant des sonorités aussi bien africaines qu’électro, Ibibio Sound Machine puise ses influences dans l’âge d’or du funk et du disco, mais aussi dans le post-punk et l’électro moderne. Une belle entrée en matière.
Le temps de faire un petit tour sur le site, et nous voilà de retour à la Grande Scène où nous attend, en fond visuel, une image de bayou. On est là pour Band of Horses, et cette fois, contrairement à The Shins hier, on se dit que les Américains ont été programmés à une bonne heure; en effet, quoi de mieux qu’un petit set folk rock en ce samedi après-midi? En arrivant, Ben Bridwell présente son groupe, « we are Band of Horses and we’re coming from a fucked up country »; après ce petit clin d’œil politique, sous le soleil, nous sommes très vite bercés par leurs balades et mélodies folk rock. Après près de 10 ans de carrière, le groupe nous montre qu’ils sont encore bien présents, notamment avec la sortie récente de leur 6ème album, Why Are You Ok. Ben Bridwell, chanteur habité, nous envoute par sa voix si particulière, et ne cesse de perdre casquette et lunettes à chaque interprétation marquée. Le sommet sera atteint lorsque le très célèbre Funeral sera interprété. A la fin du set,qui aura duré un peu moins d’une heure, nous sommes ravis d’avoir été présents et repartons avec le sourire.
On se dirige alors vers la Scène de la Cascade, ou plutôt vers le bar de la Scène de la Cascade, avec en musique de fond les belges de Girls In Hawaii, qui signe avec succès leur grand retour. Quatre ans après leur 3ème album, Everest, le groupe revient cette année avec Nocturne. On écoute d’une oreille distraite, mais on ne s’enfuit pas, et c’est déjà bon signe.
Et c’est reparti pour une nouvelle promenade, de nouveau vers la Grande Scène; nous ne voulions pas rater la prestation de Jain, et nous avons bien fait. On ne présente plus Jain, repérée et produite par Yodelice, un premier album en 2015, Zanaka, qui rencontre un franc succès, elle devient Artiste Féminine de l’Année aux dernières Victoires de la Musique. Ce jour-là à Rock en Seine, elle apparait dans sa tenue habituelle, petite robe noire à col claudine; elle débute seule avec son looper, mais est très vite rejoint par ses musiciens. Très bavarde, Jain ne cache pas non plus son émotion, notamment lorsqu’elle explique qu’elle finit ce jour sa tournée de 2 ans; la voix tremblante, peinant à finir ses phrases sans une larme, elle emporte dans son émotion le public venu nombreux et qui l’acclame à leur tour. Un autre moment d’émotion viendra lorsque elle entonnera une chanson sur Paris, ville qu’elle a appris à aimer, avec une pensée pour ce que cette ville a pu endurer, et qu’elle demandera aux festivaliers de lever leurs mains avec le signe de la paix. D’ailleurs, elle pourra demander ce qu’elle veut à ces festivaliers, jeunes et moins jeunes, mais tous dociles; lever les bras, taper des mains, s’agenouiller, chanter, pendant 1h, il n’y aura aucun répit pour cette jeune artiste qui nous propose sa pop colorée, mixée à des sonorités électro ou africaines, aux couleurs de ses décors. Et pour terminer sa tournée en beauté, Jain se lancera dans un bain de foule, enfermée dans un énorme ballon gonflable. Un pur moment de feel good music, ça ne peut pas faire de mal.
De retour vers le centre du site, nous passons à côté de la Scène de la Cascade et du costume excentrique de la chanteuse de Little Dragon.
On décide d’aller faire une petite pause entre bar métal et stand de crêpes, et assistons au loin au concert de The Kills, entre bouchée de crêpe jambon-fromage, gorgée de bière et jeu musical avec Riffx, nouvelle plateforme des passionnés de musique, en collaboration avec le Crédit Mutuel, qui nous fait gagner posters et magnets décapsuleurs et nous fait participer à un tirage au sort pour aller chercher une guitare à Londres. Le duo Alison Mosshart et Jamie Hince électrisent la Grande Scène, comme à leur habitude, entre sensualité et rock endiablé, avec leurs images retransmises sur grands écrans en noir et blanc.
Alors rassasiés, nous nous tournons de nouveau vers la Scène de la Cascade; on nous annonce Lee Fields & The Expressions, et on se dit qu’on ne peut pas passer à côté de ce qui semble être un peu un ovni dans cette programmation. Lee Fields, originaire de la Caroline du Nord, a déjà plus de 40 années de carrière derrière lui dans le monde de la soul. A la nuit tombée, et sous des lumières sombres, on ne voit que lui et sa veste brillante jaune. Âgé de 66 ans, Lee Fields est accompagné ici du groupe The Expressions composé de basse, batterie, guitare et cuivres et qui semble sorti tout droit d’une autre époque (en référence à leurs tenues); il a une pêche du tonnerre et met l’ambiance sur le site de Rock en Seine, enchainant les jams soul, et demandant inlassablement « are you happy? ». Il joue avec le public, demande si tout va bien aux gens à sa gauche, à sa droite, mais aussi aux personnes du fond. Il esquisse quelques pas de danse, à la manière de James Brown, à qui il se voit souvent comparé, jusqu’à porter le surnom de Little JB. Cette deuxième journée est décidément sous le signe de la feel good music.
A la fin du set de Lee Fields & The Expressions, nous nous dirigeons vers une scène que nous n’avions jusque là pas côtoyée, la toute petite Scène Firestone, où est programmé Fuzzy Vox, que Les Insouciants avaient découvert début 2016, présentant leur rock garage à la manière de The Hives. Leur défi: ne pas décevoir les festivaliers ayant choisi de délaisser la tête d’affiche qui se produisait en même temps sur la Grande Scène, à savoir PJ Harvey. Le public est peu nombreux – la scène étant vraiment intime – mais c’est la folie à leur arrivée et ce, durant leurs 45 min de concert; on assistera même à des tentatives de crowdsurfing, et à des lancées de bonbons Kréma. Très à l’aise sur scène et très sûr de lui, Hugo Fabbri, au chant et à la guitare, accompagné de ses 2 camarades de Joinville le Pont, Grégoire Dessons (basse) et Nico Maia (batterie), vient défendre leurs compositions aux influences 60s, issues notamment de leur dernier album, No Landing Plan, sorti l’an dernier.
A côté, il y a la Scène de l’Industrie et on assiste au dernier 1/4 d’heure de la prestation de Frustration, du punk made in Ile de France, et on commence presque à regretter de ne pas être venus plus tôt…
Alors que Fakear et Sleaford Mods sont attendus sur, respectivement, la Grande Scène et la Scène du Bosquet, nous prenons la décision de rentrer, une autre journée chargée nous attend le lendemain.
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