Mauno a répondu à nos questions
En marge de leur passage à l’Espace B à Paris le 30 septembre dernier (Live report à retrouver ici) et pour accompagner la sortie de leur dernier album, Tuning (Chronique à retrouver ici), Mauno nous a consacré un peu de temps pour répondre à nos questions.
Les Insouciants: D’où vient le nom du groupe Mauno ?
Nick Everett: C’est le nom du grand-père d’Eliza (Eliza Niemi, bassiste du groupe, ndlr); le seul non-musicien de sa famille, après une longue lignée de musiciens. C’est une façon de faire revivre l’histoire de sa famille.
Comment vous êtes-vous rencontrés ?
Eliza et moi, qui avons formé le groupe, nous sommes rencontrés quand j’ai acheté un café dans sa boutique à King’s College à Halifax. Nous avons travaillé ensemble durant l’été sur un projet folk, avant de former Mauno. Adam et Scott (Adam White, batterie, et Scott Boudreau, guitare, ndlr) se connaissaient depuis 15 ans et ont toujours joué de la musique ensemble. Je les ai rencontrés en 2011 lorsque nous avons chacun séparément été recrutés pour jouer dans un groupe pop pour nous faire un peu d’argent, et nous n’avons cessé de jouer ensemble depuis lors.
Qui fait quoi dans le groupe ?
Eliza est au chant et à la basse, Adam à la batterie, Scott à la guitare, et je suis au chant et à la guitare. Je suis aussi responsable de la majeure partie des autres sons sur l’album.
Comment décririez-vous votre musique ?
Nous essayons tant bien que mal de ne justement pas la décrire. Nous recrachons les étiquettes et définitions que les gens nous laissent lorsqu’on nous le demande absolument, mais nous n’essayons pas de trouver notre place dans cette large discussion sur les genres musicaux. Décrire et définir implique de se limiter forcément.
Pouvez-vous nous en dire plus sur The Soundscape et comment il a changé votre vie ?
(The Soundscape ou Le Paysage Sonore est un ouvrage de R. Murray Schafer, ndlr)
Il s’agit d’une complète reconstruction ou ré-explication de la façon dont nous nous accaparons les sons et la manière dont les sons façonnent nos vies. Schafer rend poétique tout ce qu’il y a de plus trivial, et la poésie, lorsqu’on lui laisse libre court, nous change irrémédiablement.
D’où vient ce désir d’enregistrer des sons extérieurs ?
Lorsque nous avons terminé l’album, il sonnait comme s’il avait été enregistré en studio. C’était propre, ça sonnait bien, mais nous ne pouvions nous défaire de la sensation qu’il manquait quelque chose de crucial. Nous savions qu’il s’agissait du fait que nous l’avions dissocié du contexte sonore dans lequel nous l’avions imaginé, travaillé, et créé. Donc, nous avons écouté l’album, nous nous sommes interrogés sur ce qu’il avait besoin, puis nous sommes allés dans les environs d’Halifax à la recherche de l’écologie sonore manquante.
Pouvez-vous nous expliquer le choix du titre de l’album, Tuning ?
Nous aimons la littéralité. Décrire une chose telle qu’elle est. Nos t-shirts mentionnent simplement “Mauno Shirt”, par exemple. Tuning (peut être traduit par Accord, ndlr) est un mot qui nous a apporté satisfaction pour le décrire telle qu’il était à de bien nombreux niveaux : accorder est le fait de resserrer une corde et la préparer pour projeter le son dans l’espace dans lequel il se trouve. Nous passons beaucoup trop de temps à nous accorder sur scène entre 2 chansons. Le titre alternatif de The Soundscape est The Tuning of the World (Le Monde Comme Musique, ndlr). Nous ne pouvions ignorer toutes ces analogies.
Comment comparez-vous ce nouvel album avec le précédent, Rough Master ?
Je me sens plus à l’aise d’en parler en termes de processus – le processus de la version finale de Tuning a été relativement rapide. Par le passé, je repassais sur les enregistrements encore et encore, mais ici, nous nous sommes accordés 3 prises pour chaque titre, ou chaque re-recording / overdub, et ensuite on choisissait la meilleure version. Si nous n’arrivions pas à un travail satisfaisant en 3 prises, cela voulait dire que nous ne répétions pas assez. Je pense qu’au final on arrive à un rendu authentique.
Quelle chanson de Tuning représente le mieux Mauno ?
Je pense que dissocier les chansons et les prendre individuellement aboutit à les dissocier du temps et de l’espace dans lequel elles ont été écrites et enregistrées. Je dirais que l’album dans son intégralité, et donc son entité, est ce qui représente le mieux le groupe, plus que n’importe quelle chanson ou idée ne le pourra. C’est un peu en désordre et c’est ce que nous sommes.
Pouvez-vous nous parler du clip de Helah ?
Nous avons retrouvé Tom Chick à Harlech au Pays de Galles et avons exploré la campagne galloise ; nous sommes partis à la recherche de choses qui se distinguaient, qui faisaient de ce lieu quelque chose d’unique. Nous sommes partis à la découverte et avons en quelque sorte laissé Tom faire ce qu’il fait de mieux. Ensuite, il a tout rassemblé quelques semaines plus tard, et le résultat est là. Tom est incroyable.
Qu’écoutiez-vous quand vous étiez plus jeunes ?
Oh mon dieu ! La liste est vraiment très longue. Tous les quatre, nous avons écouté de la musique avec avidité pendant 80 ans à nous quatre, donc il y aurait beaucoup à dire. Je ne sais même pas comment aborder cette question, désolé.
Si vous aviez l’occasion de collaborer avec un autre artiste, ce serait avec qui ?
Chilly Gonzales – cet homme est un faiseur de hits et ça pourrait être marrant de faire quelque chose qui sonne bien pour plus de personnes que juste moi.
Un dernier mot pour nos lecteurs ?
« Mangez les riches »
(En anglais, “eat the rich” a beaucoup été utilisé, notamment en musique, avec Motörhead et Aerosmith par exemple, mais il s’agit vraisemblablement d’une extraction de “When the people shall have nothing more to eat, they will eat the rich” tiré d’un discours de Jean-Jacques Rousseau, “Quand les pauvres n’auront plus rien à manger, ils mangeront les riches », ndlr)