[Retour sur] Soviet Soviet – Fate

Il n’est -heureusement- pas nécessaire d’avoir fêté ses 20 ans à la fin des années 1970 pour revivre la période post-punk, ni pour en écouter et encore moins pour en jouer. Peut-être moins authentique et un peu plus propre, la post-punk se consume toujours. Émergents de la scène italienne, le trio Soviet Soviet fait partie de ceux et celles qui, aujourd’hui, nourrissent cette flamme. Retour sur leur premier album, intitulé Fate, non pas sorti en 1979, bien qu’il en ait l’air, mais en novembre 2013.

soviet soviet fate

Fate est un véritable voyage. Les chansons s’accrochent les unes aux autres et s’enchaînent ; ce qui en émane est bouleversant. Les riffs singuliers résonnent et coulent à travers tout l’album, évoquant d’intarissables sources comme Joy Division, Bauhaus ou encore The Cure. C’est la vigoureuse batterie d’Ecstasy qui ouvre la voie à l’expédition, dévoile ces riffs remarquables et cette ligne de basse éclairant une route pluvieuse sur laquelle retentit cette voix déconcertante. En trois minutes, le ton est donné. Même en étant attaché à un schéma, il faut continuer à surprendre. Introspective Trip s’en chargera. Elle tape à l’oreille, captive et, dans une pause ménagée, prend un virage inattendu qui l’amène sur une autre artère. Le morceau Together semble enclin à poursuivre ce périple, laissant défiler des paysages, tout comme s’y prête Hidden, ranimant vaguement quelques airs de U2. C’est plutôt Further qui mènerait à l’introspection. Le tempo accéléré et les tumultueuses répétitions dans le texte rendent la chanson presqu’oppressante. Le retour à soi est inévitable. No Lesson traduit la nostalgie à laquelle on ne peut échapper, teintés de regrets dont il est impossible de se débarrasser. Le morceau Something you can’t forget, imprégné de quelques mélodies à la Pixies, s’appuie lui aussi précisément sur ce regard vers le passé, souvenir de la fameuse innocence enfantine. S’en suit alors un brutal retour au présent : « And now it’s time to go ». Mais l’album comporte aussi quelques pistes plus distrayantes, à savoir Gone Fast ou Around Here, qui ne sont pas sans rappeler les atmosphères de Jesus and Mary Chain.

Bref, un disque aux influences multiples dont il semble difficile de se détacher. Ce sont peut-être là les limites de la quête du renouvellement d’un genre comme la post-punk, période éphémère, imbibée des dernières agitations de la fièvre punk à la fin des années 1970 et s’emparant déjà des sonorités de la New Wave fleurissante, qui atteindra des sommets dans les années 1980. Cependant, Soviet Soviet s’évertue à créer un univers qui lui est propre. Les sonorités de l’album font, certes, écho à des airs pré-existants, mais Soviet Soviet parvient à se détacher de l’effet calque en variant l’assemblage des sons. Ainsi, l’effervescence du voyage proposé par Fate se joue entre excitation, soif de l’ailleurs et de l’imprévu, remords inoubliables mêlés à l’imparable timbre mélancolique, et, surtout, quête de soi-même.

Écoutez Fate sur Bandcamp !

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