…Et ils y ont gentiment répondu!
Suite à la sortie de leur troisième album, Queens of the Breakers le 13 octobre dernier via Secret City Records, The Barr Brothers ont pris le temps de répondre aux questions des Insouciants.
Les Insouciants : Comment vous êtes-vous rencontrés ?
Andrew Barr : Brad et moi sommes frères. Lorsque nous avons déménagé de Rhode Island pour Montréal en 2004, Brad a entendu un son mystérieux de harpe à travers le mur. Il a retranscrit la musique qu’il entendait sur sa guitare et est allé se présenter à la harpiste, qui n’a pas du tout reconnu la chanson ! Avec donc cette nouvelle chanson, il lui a appris ce qu’il avait écrit, basé sur ce qu’elle jouait à travers le mur, et voilà comment le groupe est né ! C’est ainsi que nous avons rencontré Sarah Page, la harpiste de The Barr Brothers. Les autres membres du groupe trainent plus ou moins tous dans les mêmes cafés et bars aux alentours du quartier de Mile-End à Montréal, et donc le reste du groupe varie en fonction de qui est sur place quand nous travaillons sur un album.
Qui fait quoi dans le groupe ?
Brad écrit 99% de la musique que nous explorons. Brad, Sarah et moi-même aimons passer du temps à la déconstruire, la faire voler en éclats, avant de tout rassembler. Généralement, notre bassiste, Morgan Moore, atterrit en provenance d’une terre étrangère et arrive juste à temps pour jouer exactement ce qu’il faut, avant de repartir au beau milieu de la nuit.
Que vient généralement en premier entre la musique et les paroles ?
Généralement, c’est la musique. Parfois, elles viennent ensemble, les paroles se posent naturellement sur les mélodies. D’autres fois, les paroles s’arrêtent mais la musique continue, et il arrive qu’avec un peu de chance tout se marie bien et arrive en un seul morceau.
Quelles sont vos influences musicales ?
Nous avons tendance à aimer des choses qui ont, à premier abord, un son simple mais qui en fait contiennent des couches complexes – comme les premiers albums de Leonard Cohen, ou ceux de Nahawa Doumbia, J Dilla ou encore Blind Willie Johnson. Nous sommes influencés par les sons qui nous entourent, l’harmonie entre le fredonnement distant et le gargouillis percutant d’un tuyau de salle de bain, et si vous écoutez bien, on peut y déceler une symphonie. Et les harmonies entre les gens et comment, parfois, les harmonies les plus discordantes sont vraiment les plus plaisantes lorsqu’elles se dénouent. La plupart du temps, on s’assoit simplement et on joue de notre instrument encore et encore et encore, à la recherche de quelque chose de nouveau, qui nous surprend, qui est intéressant à jouer, et qui finalement a une histoire ou un sentiment qui lui est rattaché.
Pouvez-vous nous expliquer le choix du titre de l’album, Queens of the Breakers ?
C’est tiré de la chanson Queens Of The Breakers qui fait référence à Brad et un groupe d’amis à l’époque du lycée qui se déguisaient avec les vêtements de leurs mères et allaient se promener vers The Breakers, une demeure historique à Newport, Rhode Island, probablement sous l’influence de drogues hallucinogènes et en provoquant les pasants. L’album en entier a commencé à ressembler un peu comme une lettre destinée à de vieux amis, et donc cette ligne s’est révélée comme un titre louable.
Quel titre de l’album représente au mieux The Barr Brothers ?
Cela me parait impossible à répondre. Chaque titre de chaque album construit l’image de The Barr Brothers. C’est comme, je me dis que les gens se sont fait une idée sur Spielberg après Les Dents de la Mer, ensuite quand Indiana Jones – Les Aventuriers de l’Arche Perdue est sorti, ils ont changé leur vision ; et puis il y a eu E.T., wouah, et…attend, La Liste de Schindler ! Que représente Spielberg ? Je dirais tout ça. Je n’essaye évidemment pas de comparer les corps de métier, mais en tant que groupe, nous construisons notre identité à travers chaque chose que nous entreprenons. Je pense que pour certains, nous représentons un son folk américain dans toute sa quiétude (Song That I Heard), pour d’autres, nous sommes connus pour nos explorations dans différents paysages musicaux ayant une base blues (Half Crazy), d’autres encore nous voient comme un groupe qui expérimente sérieusement sur scène de nouvelles techniques sur nos instruments – comme jouer de la guitare en tirant sur un fil de nylon pour créer des vibrations ou encore jouer des percussions sur une roue de vélo, ou jouer sur une harpe désaccordée. Certaines de nos chansons apparaissent comme de bons vieux titres rock’n’roll – avec une harpe. L’album commence sur Defibrillation parce que nous avons pensé à l’époque que c’était comme le centre d’une cible d’un jeu de fléchettes qui nous représentait bien, mais maintenant c’est comme une nouvelle couleur dans notre palette.
Quels sont les principaux thèmes de l’album ?
Si cet album avait un thème, ce serait surement le sentiment de se voir s’éloigner de relations et de lieux qui ont tenu un jour une place importante dans notre vie. D’une certaine manière, on se montre reconnaissant envers les relations et expériences qui nous ont marquées et qu’on a su maintenir dans notre jeunesse, mais celles-ci peuvent s’effacer au fil du temps sans que l’on s’en rende compte.
Nous avons déjà eu l’opportunité d’écouter 3 titres de cet album : Would Have To Lose Your Mind, It Came To Me, and Queens of the Breakers; à quoi pouvons-nous nous attendre avec le reste ?
A ce que vous l’appréciez, on l’espère !
Qu’est-ce que cela vous fait de faire la première partie de The War on Drugs ?
C’est une énorme chance pour nous de se rapprocher des gens et de jouer dans des endroits magnifiques. Il s’agit indéniablement d’un public plus large que ce que nous avons eu l’habitude de jouer en Europe et au Royaume-Uni, et nous espérons faire de belles rencontres et de jouer de la musique qui touche les gens. On adore aussi écouter The War On Drugs.
Planifiez-vous de reprogrammer une nouvelle date en France pour votre propre tournée ?
Oui !
(cela semble être confirmé pour le 2 février 2018 au Pop Up du Label à Paris, ndlr)
Quelle musique écoutiez-vous quand vous étiez plus jeunes ?
Une rapide liste de 4 à 18 ans serait : Aretha Franklin, Michael Jackson, Duran Duran, Guns and Roses, AC/DC, Grateful Dead, Miles Davis.
Si vous aviez l’opportunité de collaborer avec un autre artiste, ce serait qui ?
J’aimerais faire un album avec Oumou Sangare.
Si vous deviez choisir ?
Je suis connu pour être une personne indécise… J’ai appris récemment que ma mère mettait 5 tétines dans mon lit quand j’étais petit.
The Beatles ou The Rolling Stones ?
Les Stones, si c’est juste pour écouter leurs albums sur une plage pour toute la vie ; les Beatles, si je devais jouer leur musique au piano. Je dirais donc les Beatles.
Petite salle ou grand stade ?
petite salle, chez moi, 300 concerts par an.
Studio ou scène ?
Scène.
Vinyle ou MP3 ?
Le vinyle sonne mieux ; avec le MP3, toute la musique du monde est accessible en un clic. Mais vinyle bien sûr. Par contre, je ne fais pratiquement qu’écouter de la musique en streaming ; désolé Thom Yorke !
Un dernier mot pour les lecteurs ?
“The power is in your hands!”
(=Le pouvoir est entre vos mains !)